Assureurs Chinois : La croissance à l’épreuve de la gouvernance

Une ville en Chine
La Chine

CHRONIQUE – Après avoir connu une croissance à deux chiffres depuis de nombreuses années, le marché chinois de l’assurance entame une nouvelle phase de croissance plus disciplinée.

En assurance vie, cette inflexion devrait se traduire par une offre moins abondante de polices assorties de taux minimum garantis élevés. En dommages, les polices génératrices de fortes commissions de distribution devraient elles aussi voir leur croissance se ralentir. Ces perspectives sont liées au renforcement des mesures réglementaires dont les effets sont dorénavant beaucoup plus visibles que dans le passé. Ces prescriptions concernent à la fois les caractéristiques des polices vendues, les politiques d’allocation d’actifs ainsi que la gestion des risques. Elles sont appliquées avec une sévérité grandissante et donnent lieu à l’imposition d’amendes et autres mesures pénalisantes en vue d’améliorer la protection des assurés.

De notre point de vue, la qualité de crédit des assureurs vie chinois s’est stabilisée alors qu’elle reste orientée à la baisse pour le secteur non-vie en raison d’un environnement concurrentiel défavorable qui continue de peser sur les marges.

En vie, nous anticipons une poursuite du ralentissement des ventes de véhicules d’épargne à court terme et la réorientation de la collecte vers des polices à long terme faisant l’objet de versements périodiques et dont le niveau de rentabilité est aussi plus élevé pour l’assureur. Des efforts significatifs de formation des réseaux de distribution ont d’ailleurs été réalisés en ce sens. Cette adaptation ne se fera toutefois pas sans peine, notamment pour les acteurs manquant d’envergure comme c’est le cas de certains bancassureurs. Au global, nous anticipons une croissance à deux chiffres pour le secteur en 2021.

En dommages, l’évolution de la réglementation devrait peser sur la rentabilité. Face à une croissance ralentie en automobile (60% des primes en dommage), le développement de nouvelles branches (santé- prévoyance, responsabilité civile, agriculture) devrait amener davantage de volatilité dans les résultats du fait d’une connaissance encore limitée des historiques de sinistralité. En santé-prévoyance, les résultats devraient rester déficitaires en raison de pratiques concurrentielles agressives et de coûts de distribution élevés.
Enfin, le potentiel de croissance du marché chinois devrait continuer à attirer les assureurs étrangers. Leur part de marché est proche de 10% en non-vie et 3% en vie et devrait continuer à croître notamment grâce au développement de partenariats de distribution.

Marc-Philippe Juilliard,

Directeur, S&P Global Ratings

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