Chronique : Satisfaire les assurés devient coûteux pour les assureurs-vie français

De l'argent.
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Les assureurs-vie français sont confrontés à plusieurs défis en 2023. La hausse des taux d’intérêt donnera plus de choix aux épargnants et pourrait encourager les assurés à racheter leurs contrats.

En poussant à la hausse les taux d’intérêt du Livret A, le gouvernement français a renforcé ce problème. Les garanties minimales de taux sur les polices d’assurance vie sont généralement négligeables sur le marché français, mais la plupart des acteurs du secteur ont déjà augmenté leurs taux crédités – le rendement essentiellement discrétionnaire qu’ils offrent aux assurés chaque année. On estime le taux crédité moyen à 2% au titre de 2022 en hausse de 0.7% par rapport à 2021.

Jusqu’en 2021, les assureurs-vie français avaient régulièrement baissé les taux crédités afin de d’allouer aux assurés un montant inférieur au rendement récurrent des actifs. Ils ont placé la différence dans les provisions pour participation aux excédents. Cee mécanisme a donc atténué l’effet négatif des taux d’intérêt très bas sur la solvabilité des assureurs. Compte tenu de la hausse rapide des taux d’intérêt depuis le début de 2022, nous prévoyons que les assureurs pourraient commencer à reprendre une partie de ces provisions excédentaires pour financer une hausse des rendements aux assurés.

Selon nous, les groupes de bancassurance ont réagit plus rapidement à la hausse des taux d’intérêt car leur clientèle est généralement plus grand public que celle des grands assureurs traditionnels. Le Livret A, avec son plafond de dépôt de 22 950 €, représente une alternative à l’assurance-vie plus attractive pour une clientèle de masse que pour une clientèle plus aisée. Un client plus aisé peut potentiellement disposer d’un encours dans un contrat d’assurance vie dépassant largement le plafond du Livret A.

En outre, de nombreux assureurs français offrent des primes supplémentaires si les assurés placent une proportion importante (généralement supérieure à 30 % ou 40 %) de l’encours des investissements du contrat sur des supports en unités de compte. Certains assureurs offrent ces incitations (qui peuvent aller jusqu’à 1% de rendement supplémentaire) pour de tels placements car le profil de risque des investissements en unités de compte restent essentiellement à la charge de l’assuré.

Nous prévoyons que les taux servis aux assurés augmenteront encore en 2023, suivant la tendance des taux d’intérêt à long terme. Compte tenu de la longue durée moyenne des portefeuilles d’actifs, le rendement récurrent des actifs devraient s’améliorer graduellement. Par conséquent, les acteurs du secteur puiseront dans leurs provisions excédentaires pour pouvoir augmenter les taux crédités en 2023. Sur la base de la forte capitalisation du secteur, nous ne nous attendons pas à ce qu’une réduction modérée de ces provisions affaiblisse notre vision sur la solidité financière des assureurs vie français.

Enfin, à notre avis, un scénario d’une soudaine hausse du taux de rachats est peu probable. Bien que les contrats d’assurance-vie français ne disposent pas de garanties matérielles de performance à long terme, ils bénéficient d’un traitement fiscal favorable, ce qui réduit le risque de rachat. De plus, ces derniers sont historiquement restés stables – ils n’ont pas augmenté au cours de la période 2017-2021, malgré une réduction significative des taux de crédit.

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