Chronique : Les assureurs japonais à la recherche de stabilité

Tokyo au Japon.
Tokyo au Japon.

S&P Global Ratings a constaté une augmentation d’environ 11% des résultats des assureurs vie japonais pour cours de l’exercice 2021. Conjointement, le bénéfice net consolidé des trois principaux acteurs en assurance non-vie a plus que doublé par rapport à l’année précédente.

Pour le secteur de l’assurance vie, nous attribuons cette augmentation à deux principaux facteurs : les dividendes provenant des investissements en actions qui ont augmenté et la hausse substantielle des marges en raison de la baisse continue des taux de rendement moyen garantis. En revanche, les revenus liés aux assurances de groupes ont diminué, principalement en raison des sinistres liés à la pandémie.

Concernant le secteur non-vie, la profitabilité pour l’année 2021 résulte essentiellement d’une accalmie sur front des évènements catastrophiques. En effet, il y a eu moins de catastrophes naturelles que prévu au début de l’exercice 2021. Cela a compensé l’augmentation des sinistres en assurance automobile liés à la reprise économique post pandémie.

En dépit de ces bons résultats, nous anticipons une baisse de la rentabilité des principaux assureurs nippons pour l’exercice 2022. Les turbulences induites par la COVID-19 s’étant estompées en 2021, l’incertitude économique et financière risque d’induire une baisse de profitabilité.

En effet, les taux d’inflation sont bien au-dessus de ceux que les grandes banques centrales attendaient. Dans le même temps, le risque géopolitique s’est accru. L’augmentation des taux d’intérêt décidé par les banques centrales, notamment la Banque Centrale Européenne, la Banque d’Angleterre et la Réserve Fédérale Américaine, bouscule un environnement habitué à une politique monétaire ultra-accommodante qui s’est généralisé avec la pandémie.

Dans ce contexte défavorable, nous nous attendons à une baisse de la profitabilité des assureurs vie à partir de l’exercice 2022. Cela est principalement dû à une baisse attendue dans la souscription des polices d’assurance décès qui augmentera la proportion des marges d’intérêts dans la composition des bénéfices. Cela accroîtra la pression structurelle sur les bénéfices car ils dépendent de plus en plus de marges d’intérêts volatiles.
Dans le même temps, le résultat net consolidé des trois principaux groupes d’assurance non-vie devrait rester globalement favorable grâce à leurs activités à l’étranger qui continuent à se développer. De plus, nous nous attendons à une amélioration de la profitabilité de leurs activités locales qui devraient bénéficier d’une stabilisation de la sinistralité liée aux catastrophes naturelles. En effet, la diversité des sources de revenus des groupes non-vie devrait soutenir la stabilité de leurs bénéfices qui restent toutefois très sensibles à l’ampleur et à la fréquence des catastrophes naturelles.

Etant donné la diversité géographique des sources de revenus, les assureurs japonais devront faire face à une augmentation des risques liés aux catastrophes naturelles à l’étranger. Nous pensons que cette politique d’expansion devrait s’accompagner de la mise en place de systèmes de gestion des risques plus sophistiqués, notamment pour contenir le risque d’accumulation.

Olivier Karusisi
Directeur délégué

Que pensez-vous du sujet ?