Assurance en Chine : Un chemin tortueux vers la rentabilité

Chine
Shanghai est la capitale financière de la Chine.

Chronique – Avec ses 4,7 trillions de yuan de primes collectées en 2022 (650 milliards de dollars U.S.), la Chine occupe la deuxième place mondiale du marché de l’assurance derrière les Etats Unis.

Ceci malgré le faible taux de pénétration du secteur (ratio primes collectées sur produit intérieur brut). La sensibilisation aux produits d’assurance et la demande croissante de protection dans le pays présagent de fortes opportunités de croissance.

Dans le contexte économique post-Covid, S&P Global Ratings prévoit une stabilisation des marges des assureurs-vie pour 2023 et 2024. Cependant, le secteur de l’assurance non-vie sera confronté à plus de difficultés.

Au cours des dernières années, le secteur de l’assurance-vie a fait face à des vents contraires. En 2018, le régulateur exhortait les acteurs à recentrer leur activité sur la prévoyance. Cela a eu un impact négatif sur la croissance.

Le COVID a accentué cette tendance en posant des obstacles substantiels au marketing en face-à-face qui est nécessaire aux ventes. Les risques de taux d’intérêt constituent un autre sujet de préoccupation majeur pour le régulateur. La Banque Centrale a réduit ses taux d’intérêts ces dernières années. Le rendement des placements des assureurs-vie est ainsi passé de 4,5% à 4,2% en 2022. Cette baisse des rendements pousse les assureurs chinois à se tourner vers des actifs plus risqués tels que les actions, les biens immobiliers, et autres investissements alternatifs. Nous pensons que l’exposition plus élevée au risque financier fera l’objet d’une surveillance accrue de la part du régulateur.

Toutefois, de nouvelles opportunités s’ouvrent pour les assureurs avec l’augmentation de la demande de produits en lien avec le vieillissement de la population. Le régulateur a récemment autorisé les acteurs à diversifier leur offre de produits (par exemple, permettant la possibilité de convertir des prestations payables sur les polices d’assurance-vie en soins de longue durée). En 2022, le régulateur a également ouvert le marché de l’assurance épargne retraite afin de compléter le système national actuel. Nous pensons que l’évolution démographique du pays contribuera à une sensible augmentation de la demande de produits axés sur la retraite.

Le bénéfice technique des assureurs non-vie a augmenté en 2022 en raison de la baisse du trafic automobile lié à l’implémentation de contrôles sanitaires stricts durant la pandémie du COVID-19. Cependant, nous prévoyons l’émergence de nouvelles tensions sur le secteur en 2023 et 2024.

En effet, la normalisation des niveaux de trafic entraine une reprise de la sinistralité automobile. A cela s’ajoute la compétition féroce que se livre les différents acteurs qui cristallise l’attention du régulateur car elle fragilise particulièrement les assureurs de petites et moyennes tailles. Ces dernières manquent d’économies d’échelle et d’infrastructure de données pour soutenir une tarification adéquate et une sélection des risques appropriée. Nous pensons qu’à terme, certains assureurs prendront de plein fouet la correction du marché. Les assureurs non-vie bénéficieront tout de même d’opportunités de croissance à mesure que les autorités encourageront les couvertures d’assurance liées aux catastrophes naturelles, à l’agriculture et à la construction immobilière.

Cependant, les sinistres liés aux conditions météorologiques extrêmes, notamment celles associées au changement climatique, pourraient ajouter aux défis auxquels ils sont déjà confrontés. En effet, les coûts de la réassurance augmentent, et la répercussion sur les assurés n’est pas des plus simples. Cette situation est particulièrement difficile pour les petits assureurs qui ont davantage recours à la réassurance.

Olivier Karusisi
Directeur délégué

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