Chronique : Le marché européen des activités d’assurance mises en run-off

Tout a une fin, y compris les polices d’assurance ! Alors que les assureurs sont les acteurs de la mutualisation des risques et de la vente de polices d’assurance, qu’advient-il lorsque les portefeuilles ne sont plus suffisamment profitables ou ne répondent plus à l’environnement macro-économique et réglementaire présent ? Une solution est le run-off : la cession ou la suspension de la commercialisation desdits portefeuilles voire de l’assureur lui-même. En cas de vente, les repreneurs sont soit des acheteurs stratégiques, soit des plateformes de gestion spécialisées de portefeuilles en run-off.

En Europe, certains marchés du run-off sont développés de longue date, c’est notamment le cas de la plupart des marchés non-vie ainsi que le marché vie au Royaume-Uni.
D’autres se sont développés plus récemment, comme le marché vie allemand. La préparation et l’implémentation de Solvabilité II, ainsi que l’environnement de taux d’intérêt structurellement bas ont particulièrement touché ce marché, qui cherche à s’orienter vers des produits avec un meilleur profil rendement-risque, et à minimiser le risque émanant des produits. En effet, pour les portefeuilles allemands promettant des taux crédités de 2.4 à 2.8% en moyenne, la gestion des contrats en stock est d’autant plus cruciale. À titre de comparaison, en France et en Italie, les taux crédités sur les contrats en cours sont en moyenne de 0.44% et 1% respectivement, ce qui diminue l’intérêt d’une mise en runoff des portefeuilles existants.

Nous anticipons que le marché européen du run-off non-vie devrait augmenter graduellement de 1 à 2% par an jusqu’en 2020, notamment sur les branches à déroulé long. Le marché vie devrait quant à lui continuer sur sa lancée, notamment au Royaume-Uni et en Allemagne, bien que dans une moindre mesure.
Nous pensons que les changements réglementaires, l’optimisation de la rentabilité des fonds propres ainsi que la nécessité d’améliorer le profil rendement-risque dans l’environnement de taux bas continuent d’être les principales raisons qui alimenteront les opérations de mise en run-off dans les années à venir.

Cependant, la mise en run-off n’est pas exempte de risques. En cas de rétention du portefeuille, le risque de volatilité reste sur le bilan de l’assureur d’origine et ce dernier devra continuer d’y allouer des fonds propres. En cas de vente, l’assureur s’expose notamment à un risque de réputation.

In fine, la mise en run-off est un outil de gestion qui permet aux assureurs d’atteindre leurs objectifs stratégiques ; nous ne nous attendons pas à devoir changer les notations d’assureurs européens suite à de telles opérations dans les deux années à venir.

Simon Virmaux
Rating Analyst

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