Chronique : L’impact des taux durablement bas pour les assureurs-vie Européens

Les taux d’intérêt en Europe ont dégringolé l’an dernier à près de zéro, avec des conséquences graves pour la viabilité de nombreux assureurs-vie traditionnels. Au vu des attentes révisées récemment de nos économistes que les taux resteront bas pour longtemps, nous croyons que les faibles taux d’intérêt resteront la principale source de risque des assureurs-vie.

Cela dit, nous ne prévoyons pas une forte proportion de nos notes à risque, sur la base de nos prévisions de taux d’intérêt jusqu’en 2017. Basé sur un échantillon de 40 assureurs avec une forte proportion d’assurance-vie que nous notons en Europe, nous évaluons que notre mesure d’adéquation des fonds propres, en moyenne, est restée en ligne avec un niveau de capitalisation de catégorie «A» à fin 2014.

Les assureurs-vie qui sont les plus exposés aux bas taux d’intérêt sont ceux concentrés sur l’épargne à long-terme traditionnel avec des taux garantis. Nous remarquons néanmoins de grandes différences en fonction des taux d’intérêt dans le pays d’investissement, des écarts de gestion actif-passif, ainsi que de la solvabilité et de la structure des passifs des différents pays européens.
Selon nous, les pays avec les taux garantis les plus élevés et de durée plus longue sur les encours d’assurance-vie traditionnels sont l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, les Pays-Bas, la Norvège, le Danemark, la Finlande, la Suisse et la Suède. Des pays comme la France et l’Italie présentent des garanties à long-terme plus faibles en moyenne. L’épargne vie espagnole offre des garanties relativement élevées, mais avec des alignements des actifs et des passifs suffisamment forts pour limiter le risque des taux. L’assurance-vie du Royaume-Uni est essentiellement tournée vers des contrats en unités de compte sans garanties d’investissement, et présente une exposition relativement faible aux taux.

L’impact sur les notes des assureurs-vie pourrait être plus important si les taux baissaient significativement par rapport aux niveaux actuels. En effet si les taux de rendement des actifs ont bien tenus jusqu’à maintenant, c’est essentiellement grâce à la réalisation de plus-values. Nous estimons que les taux de rendement récurrents des portefeuilles obligataires baissent d’environ 10 à 30 points de base par an. En cas de baisse des taux d’intérêt de 50 points de base d’ici fin 2017 par rapport au niveau de fin d’année 2014, la pression sur la solvabilité s’accroitrait.
Dans un tel scénario et en l’absence de mesures actives de gestion, nous pourrions envisager des baisses de notes sur les assureurs-vie en Europe. Le plus probablement sur les pays dont l’exposition aux garanties de taux est élevée.
Nous estimons cependant que dans ce scénario les abaissements seraient probablement limités à un cran en moyenne.

Taos Fudji

Directeur pour le secteur assurance chez Standard & Poor’s Ratings Services.

Que pensez-vous du sujet ?