Ugo Dubois, un actuaire dans le vent

Ugo Dubois – Un jeune actuaire en devenir qui aimerait changer le monde de l’assurance.

C’est la première fois qu’il parle à un journaliste. « Je suis désolé, je ne sais pas trop comment faire… », avoue d’une voix tremblante Ugo Dubois, 24 ans. Grand, blond, dans un costume noir bien taillé, il attend à la terrasse d’un bistrot, à deux pas du Palais Brongniart où il travaille pour Inspeer, première start-up française à proposer de l’assurance collaborative.

Il gigote sur sa chaise, comme s’il cherchait une position confortable, mais écoute attentivement chacune des questions avant d’y répondre, se perd parfois dans sa réponse, oublie la question.

Breton d’origine, il a fait toute sa scolarité à Brest et a levé les voiles pour vivre à Paris il y a un peu moins de quatre mois. Ugo est encore émerveillé de ce mouvement constant de la Ville lumière. Il a des étoiles plein les yeux quand il parle de la Capitale, « j’adore Paris, je m’y suis fait assez rapidement, il y a toujours des choses à faire, c’est une ville incroyable. »

Le gamin du Relecq-Kerhuon est un Finistérien pur et dur, il a grandit entre l’océan atlantique et le vent, « la mer me manque », avoue-t-il. C’est d’ailleurs un des seuls points négatifs de Paris pour lui, « la mer est loin, mais j’ai réussi à trouver des spots de Wake-board vers Cergy, heureusement. » Son autre passion sont les cuivres, les instruments, pas le métal, « j’ai fait 10 ans de trompette, j’ai persévéré et même si je n’ai jamais vraiment été doué, c’est un instrument que j’adore. Maintenant plutôt que d’en jouer je préfère l’écouter », raconte-t-il dans un éclat de rire.

Ugo est arrivé dans l’actuariat par hasard, comme beaucoup, après une prépa « Math Sup-Math Spé », il intègre l’Euria, l’école d’actuariat de Brest en 2011. « À la base je voulais devenir pilote de ligne, mais le concours est très dur et moi j’étais surtout bon en math. »

« j’ai foi en l’assurance collaborative »

Des étudiants de l’Euria sont allés faire une présentation dans sa classe prépa, « ça a fait tilt, il y avait beaucoup de math, des débouchés intéressants. J’ai tout de suite accroché ! », se rappelle le jeune homme.

À 24 ans et la fougue de son âge, il aimerait bousculer le secteur de l’assurance, c’est d’ailleurs pour cela qu’il travaille chez Inspeer. « J’ai vraiment foi en l’assurance collaborative, c’est un retour à l’essence même du mutualisme. Ce n’est pas une révolution, mais on donne quand même un grand coup d’épaule à l’assurance. On fait bouger les choses », explique-t-il fièrement. « Ugo croit vraiment dans le concept. Il est convaincu que l’assurance collaborative va marcher et s’est lancé dedans tout en sachant que ça n’allait pas être facile, je l’avais fortement encouragé dans ce sens. Il est sérieux, volontaire et très ouvert », relate Matthieu Blandin, un ancien camarade de classe, aujourd’hui actuaire.

Le jeune finistérien regrette néanmoins la mauvaise image de son corps de métier, « même dans notre propre secteur on nous prend pour des extraterrestres », raconte-t-il. En soirée, le contact peut être plus compliqué, « les gens qui ne connaissent pas me disent ha ! Tu aides les assureurs à nous voler ! Alors qu’à priori, nous faisons juste en sorte que tout le monde y gagne, donc ce n’est pas nous les voleurs », explique-t-il convainquant. Il ajoute « le plus dur, c’est de faire comprendre aux gens que j’aime mon métier, que je trouve intéressant de modéliser des produits et de faire tous ces calculs. »

Son envie de faire bouger les choses ne l’empêche pas pour autant d’être réaliste, « mon expérience chez Inspeer est formatrice, mais je sais que je devrais retourner dans le circuit traditionnel pour faire mes armes. De toute façon, il y a plein de sujets dans l’actuariat qui m’interpellent, c’est tout l’intérêt du métier, on peut toucher à tout. »

Actuellement, Ugo finit son mémoire, et prépare son titre d’actuaire, qu’il présentera en septembre, nous n’avons plus qu’à lui souhaiter bon vent…

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