Invité de l’Association nationale des journalistes de l’assurance (ANJA), François-Régis Bernicot, président du directoire de Suravenir cultive une certaine forme de différence au sein du groupe de bancassurance.
« Suravenir réalise seulement 25% de son chiffre d’affaires avec le réseau », a souligné d’entrée François-Régis Bernicot, président du directoire de Suravenir, à l’occasion d’un petit-déjeuner organisé par l’Association nationale des journalistes de l’assurance (Anja). Une manière de dire que Suravenir, filiale d’assurance-vie du groupe Crédit Mutuel Arkéa créée il y a quarante ans et dixième assureur vie du marché, n’est pas une filiale captive du groupe bancaire auquel il appartient, comme de nombreux autres bancassureurs.
Suravenir est aussi un « pionnier de la distribution sur internet » et l’activité en ligne représente un quart du volume global, a ajouté François-Régis Bernicot. Enfin, Suravenir, qui travaille beaucoup sous marque blanche, réalise 45% de sa collecte chez les CGP avec Vie Plus.
François-Régis Bernicot ne cachait pas non plus sa satisfaction en commentant les performances 2022, avec une collecte de 4,5 milliards d’euros, proche du plus haut historique de 4,8 milliards. « Le premier semestre 2022 a été extraordinairement dynamique, car le ”quoi qu’il en coûte” a généré une manne d’épargne absolument exceptionnelle », explique-t-il. Le second semestre a été beaucoup moins bon, la collecte ayant été pénalisée par la concurrence des livrets rendus plus attractifs en raison du retour de l’inflation.
En 2022, le résultat net en normes françaises est bon, au-delà de 200 millions d’euros, alors que le résultat en normes IFRS, entamé par les moins-values obligataires, n’est pas communiqué. Mais ces moins-values latentes sont un non sujet, puisque l’objectif est de détenir les obligations jusqu’à leur échéance.
Autonomie garantie
Si Suravenir est une filiale bancaire très affranchie de son réseau, elle n’en reste pas moins filiale, dans un groupe où coexistent plusieurs assureurs. Pour l’avenir, selon François-Régis Bernicot, le « protocole d’accord » adopté début au sein du Crédit Mutuel est « un sujet existentiel » pour Suravenir. Le Crédit Mutuel Arkéa (Fédérations de Bretagne et du Sud-Ouest) et l’organe central du groupe la Confédération nationale du Crédit Mutuel ont en effet trouvé une voie de sortie du conflit qui divise le groupe bancaire depuis une dizaine d’années. Mais si le groupe se trouve unifié, que deviendrait Suravenir (et Suravenir Assurances, l’assureur IARD d’Arkéa) face aux Assurances du Crédit Mutuel ?
« Il y a un droit de veto, et sur des sujets essentiels on ne peut pas se faire imposer des marques », a rappelé le président du directoire. « Cela garantit notre autonomie de développement, et nos liens avec nos partenaires », a-t-il ajouté. Ne manquant pas non plus de souligner l’importance dans l’économie locale d’un employeur qui compte 350 salariés à Brest.
