Royaume-Uni : le Lloyd’s of London s’attaque au harcèlement sexuel

Siège de Lloyd's of London

Le marché de l’assurance Lloyd’s of London annonce une série de mesures pour lutter contre le harcèlement sexuel quelques jours après des informations de presse révélant les pratiques archaïques de cette institution historique de la City.

Le Lloyd’s of London, dont les origines remontent à la fin du XVIIe siècle, a expliqué dans un communiqué diffusé le 26 mars vouloir mieux identifier les faits de harcèlement et imposer de lourdes sanctions pour les comportements inappropriés.

Les personnes coupables de harcèlement pourront par exemple être bannies à vie du Lloyd’s, un marché unique en son genre qui réunit quantité d’assureurs et réassureurs. Il va par ailleurs nommer deux femmes au sein de son comité en charge de nominations, pour l’instant 100% masculin.

L’institution a été contrainte de réagir à peine une semaine après la publication par l’agence Bloomberg d’une enquête fouillée et accablante sur la culture machiste du marché de l’assurance.

Bloomberg a échangé avec 18 femmes qui décrivent une atmosphère de harcèlement permanent, allant de remarques à des gestes déplacés. ” C’était éprouvant de prendre connaissance des expériences vécues par ces femmes (…). Personne ne devrait subir de tels comportements “, souligne John Neal, directeur général de l’institution. ” Je suis heureux que le marché ait apporté son plein soutien à cette série de mesures et suis déterminé à faire en sorte que l’environnement de travail du Lloyd’s soit sûr pour chacun “, ajoute-t-il.

La prédécesseure de M. Neal, Inga Beale, avait déjà tenté de moderniser l’institution, considérée comme poussiéreuse à certains égards. Première femme à avoir jamais dirigé ce marché, elle avait pris de nombreuses initiatives pour encourager la promotion des femmes dans les institutions financières et avait publiquement fait état de sa bisexualité pour encourager la reconnaissance des diverses orientations sexuelles. Devenue une personnalité marquante de la City de Londres, elle a quitté ses fonctions en début d’année.

Le Lloyd’s a par ailleurs fait état le 27 mars de nouvelles pertes financières pour l’année calendaire 2018, au cours de laquelle il a déploré une perte avant impôt d’un milliard de livres (1,17 milliard d’euros).

” L’année dernière a été marquée par plusieurs importantes catastrophes naturelles, dont les ouragans Florence et Michael, le typhon Jebi au Japon et des incendies en Californie. Ces désastres ont entraîné des demandes d’indemnisations massives, qui ont coûté 2,9 milliards de livres “, a expliqué le marché de l’assurance dans un communiqué distinct. Le Lloyd’s a toutefois assuré avoir “renforcé sa position financière” lors de l’exercice écoulé, soulignant que sa perte avant impôt avait été divisée par deux sur un an.

Le vénérable marché, qui n’est pas coté, emploie près d’un millier de personnes, beaucoup moins que les autres grands noms de la banque et de l’assurance.

Au-delà de la finance, quelques figures du monde des affaires ont été récemment mises en cause au Royaume-Uni pour des comportements déplacés vis-à-vis de femmes dans le sillage du mouvement #MeToo, notamment Ray Kelvin, patron de l’enseigne de prêt-à-porter Ted Baker.

Que pensez-vous du sujet ?