Réassurance : Scor demande le départ de Thierry Derez du conseil d’administration

Le conseil d'administration de Scor

Sur fond d’offre de rachat amical, nisr, le PDG de l’assureur Covéa qui est le premier actionnaire du réassureur français, quelques heures après que ce dernier a annoncé son retrait temporaire.

Jeudi matin, Thierry Derez a décidé de se mettre temporairement en retrait du conseil d’administration du réassureur Scor jusqu’à l’assemblée générale annuelle qui doit se tenir en 2019, “dans un souci de sérénité et d’apaisement”, expliquait Covéa dans un communiqué.

Cette annonce intervenait dans la foulée du rejet de l’offre d’achat amicale de Covéa. “M. Thierry Derez est en situation de conflit d’intérêts général avéré vis-à-vis de la société et, en conséquence, doit respecter son engagement de démissionner au titre du règlement intérieur du conseil d’administration de Scor”, a rétorqué ce dernier dans un communiqué diffusé jeudi soir, après s’être réuni vendredi dernier.

Visé le 24 août par une offre de rachat de Covéa, Scor avait assuré avoir étudié “avec soin” cette proposition d’acquérir la totalité de son capital via une offre amicale de rachat avant de refuser sèchement d’y donner suite le 30 août.

Cet enchaînement a toutefois créé une certaine confusion alors que Covéa proposait un prix d’achat à 43 euros par action Scor, environ 30% de plus que le cours moyen du réassureur ces trois derniers mois.

“Le mode opératoire et les modalités selon lesquels M. Thierry Derez et Covéa ont préparé, soumis et rendu public la proposition de rapprochement du 24 août dernier ainsi que leurs marques d’intérêts renouvelées ne peuvent qu’être considérés comme hostiles, inamicaux, et perturbent fortement le fonctionnement de la société”, a regretté Scor.

Pas de rachat en vue

Le conseil d’administration du réassureur a également confirmé à l’unanimité sa décision “du 30 août 2018 de refuser d’engager des discussions avec Covéa”, a encore indiqué le communiqué.

Selon le groupe, “les raisons fondamentales, y compris relativement à la valeur intrinsèque et stratégique de Scor”, qui l’avaient conduit à refuser la proposition de Covéa restent “pleinement applicables”. La société dirigée par Denis Kessler, figure du patronat, avait précisé début septembre que l’offre “ne reflétait ni la valeur intrinsèque de Scor ni sa valeur stratégique”.

Covéa, poids lourd de l’assurance mutualiste en France, est actionnaire de Scor depuis 2003, et depuis 2016 il en est même le premier actionnaire avec un peu plus de 8%.
Le 8 avril 2016, Covéa s’était toutefois engagé à ne pas accroître sa participation au-delà du seuil de 10% du capital de Scor pour une durée de trois ans. “Scor prend acte que Covéa entend respecter pleinement cet engagement”, a-t-il souligné.

Dans son communiqué jeudi, Covéa a regretté “l’absence de toute discussion avec Scor et les attaques dont il est l’objet”. Le groupe avait assuré rester “un actionnaire de long terme de Scor, attentif aux évolutions du secteur et attaché à la création de valeur”.

Il avait toutefois rappelé “son intérêt pour discuter d’un rapprochement amical avec Scor” avec l’objectif de constituer “un grand groupe d’assurance français d’envergure internationale dans un secteur en évolution”.

Cette opération manquée intervient dans un contexte d’ébullition sur le marché de l’assurance: début janvier, l’assureur américain AIG a annoncé avoir mis la main sur le réassureur Validus pour plus de 5 milliards de dollars. Quelques semaines plus tard, le français Axa a créé la surprise en dévoilant un projet d’achat de l’assureur et réassureur bermudien XL, pour plus de 12 milliards d’euros.

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