Climat : La NZIA ne convainc pas les ONG

La réunion de l’Alliance des assureurs pour l’objectif zéro carbone (NZIA) n’a pas suffi à convaincre les ONG de l’engagement du secteur de l’assurance dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Le 21 avril dernier, Insure Our Future envoyait une lettre de demande aux présidents directeurs généraux du secteur de la réassurance pour les informer sur les actions à mettre en place dans la lutte contre le réchauffement climatique. Seulement cinq jours après, AXA, Allianz, Aviva, Generali, Munich Re, SCOR, Swiss Re et Zurich Insurance Group annonçaient la création d’une alliance – la Net-Zero Insurance Alliance – visant à accélérer les actions du secteur de l’assurance dans la transition écologique.

Les huit groupes fondateurs se sont réunis pour la première fois, le 11 juillet, pour définir leurs objectifs vers la neutralité carbone. Suite à ces annonces, Insure Our Future et Reclaim Finance ont appelé à des régulations plus strictes, notamment l’exclusion de toutes les couvertures d’assurance des nouveaux projets d’extension de la production de charbon, de pétrole et de gaz. « Les engagements de la NZIA reconnaissent clairement que l’influence des (ré)assureurs repose avant tout sur ce qu’ils décident ou non d’assurer plus sur leurs investissements. Assureurs et réassureurs savent déjà ce qui doit être fait et doivent maintenant le mettre en œuvre. Ils doivent arrêter d’assurer tout nouveau projet charbon et doivent sortir de ces secteurs, en ligne avec l’objectif 1.5°C », indique Angeline Dobler, chargée de campagne à Campax.

Des engagements insuffisants selon les ONG

Les lanceurs d’alerte ont notamment rejeté la liberté laissée aux assureurs concernant la détermination des mesures et critères d’exclusion à mettre en place. En effet, les signataires peuvent présenter leurs progrès dans « n’importe quelle forme et détails qu’ils considèreraient appropriés », indique un communiqué de Reclaim Finance. L’ONG pointe également du doigt l’urgence de la mise en place de mesures appropriées alors que « les cibles a atteindre pour chaque entreprise membres seront définies que d’ici à 18 mois après le lancement officiel de la NZIA ».

« Il est positif que les assureurs soient prêts à être leaders dans la lutte contre le changement climatique, cependant les étapes pour rester dans la limite des 1.5°C, telles que la fin de toutes couvertures d’assurance à l’expansion des énergies fossiles, manquent, et sont laissées à la discrétion de chaque (ré)assureur individuellement. Il est ainsi préoccupant de voir qu’aucun socle minimum d’exclusion du charbon n’a été retenu par la NZIA alors même que l’ensemble des membres fondateurs se sont déjà engagés à ne plus assurer de tels projets », commente Erwan Malary, chargé de campagne à Reclaim Finance.

Une première annonce

Le 12 juillet, Scor a annoncé des objectifs individuels en s’engageant à réduire toutes les émissions de gaz à effet de serre directes et indirectes liées à ses portefeuilles de souscription. Le réassureur français montre ainsi sa volonté de se retirer « progressivement » des contrats d’assurance et de réassurance portant sur « des centrales au charbon sans dispositif d’atténuation, d’ici à 2030 pour les pays de l’OCDE et 2040 pour le reste du monde », indique le groupe dans un communiqué. « Cet engagement s’étend au portefeuille de traités de réassurance de SCOR et se traduit dans un premier temps par un durcissement des directives de souscription pour 2020 préconisant de passer au crible tous les traités de réassurance dont plus de 10% des primes seraient liées au charbon ». Scor se charge également d’encourager la mise en œuvre de référentiels de publication et de cadres d’action.

« Nous espérons que la NZIA aura un effet positif, mais d’ici là, nous continuerons à évaluer ces entreprises, y compris les membres de la NZIA, et les engagements qu’elles prennent via les politiques qu’elles publient », conclut Lindsay Keenan, coordinateur Europe de Insure Our Future.

Que pensez-vous du sujet ?