Les assureurs automobiles britanniques face au risque de mauvaise conduite ?

Automobile

CHRONIQUE – Jusqu’à récemment, les assureurs automobiles du Royaume-Uni ne considéraient généralement pas les pénalités pour mauvaise conduite comme un risque pouvant les impacter. Les banques britanniques, elles, ont en revanche fait les gros titres en la matière et, au cours des dix dernières années, elles ont dû verser plus de 50 milliards de dollars suite à des ventes abusives d’assurances mensualités et plusieurs millions de dollars d’amendes pour d’autres manquements.

Les assureurs automobiles ont très peu eu affaire à la FCA (Financial Conduct Authority), l’autorité britannique des marchés financiers. Toutefois, cela pourrait bientôt changer en raison de l’augmentation progressive de leurs nouvelles sources de revenus pour contrer la concurrence féroce et les maigres rendements de placement.

Selon un rapport de EY, les assureurs automobiles britanniques sont revenus à la rentabilité technique en 2017 pour la deuxième fois seulement depuis 1994. Ce même rapport prévoit un retour à des résultats de souscription négatifs pour le secteur en 2019.

En effet, la montée en puissance des sites de comparaison des prix en tant que principale source de nouvelles souscription a profité aux nouveaux entrants, en raison de la forte réduction des frais de publicité et de distribution qu’elle permet. En conséquence, de nombreux assureurs traditionnels ont réduit les niveaux de couverture de leurs polices d’assurance automobile aux protections les plus élémentaires ou créé des marques à faible coût.

Dans le même temps, l’environnement des taux bas qui sévit depuis la crise financière de 2008 a produit une contraction de l’autre principale source de revenus des assureurs non-vie, entrainant la baisse des rendements d’investissement autour de 2% à 3%.

Face à ces défis, les assureurs automobiles se sont tournés vers d’autres sources de revenus tels que l’intérêt perçu lors de paiement de primes échelonnées, les honoraires et frais liés à l’administration des polices d’assurance, ainsi que les revenus tirés des commissions pour vente de produits auxiliaires.
Ces sources de revenus supplémentaires ont certes contribué au retour à la profitabilité du secteur mais entraînent selon nous un risque accru de surveillance réglementaire et peut-être, à terme, d’intervention.

De fait, à la suite d’une plainte déposée par une organisation de consommateurs portant sur la tarification du renouvellement de l’assurance automobile, la FCA a récemment annoncé qu’elle mènerait une étude de marché sur les pratiques de tarification dans les sociétés d’assurances générales.

Olivier Karusisi, Directeur Associé, S&P Global Ratings

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