Sondage / Morningstar : Face à la crise, les investisseurs institutionnels prennent moins de risque

Selon une étude du groupe Morningstar, les investisseurs institutionnels  confrontés à la crise sont moins enclins aux actifs risqués et recherchent avant tout le rendement année après année et la transparence.

Le groupe Morningstar, en partenariat avec le Forum GI et Infopro communications, a présenté mardi matin les premiers résultats de son enquête « Les institutionnels face à la crise ».  Morningstar a interrogé un panel représentatif du marché institutionnel (banques, assurances, mutuelles, IP, fonds de pensions et autres) sur leurs tendances d’investissements en temps de crise économique et financière.

Interrogés sur les conséquences de la crise européenne sur leur gestion d’actifs, les investisseurs institutionnels ont répondu à 41% vouloir diminuer leurs actifs risqués (actions…), contre seulement 12% qui pensent les augmenter. Entre les deux, ils sont 38% à désirer maintenir leur allocation en actifs risqués, estimant peut-être que leur exposition est déjà assez basse, et 9% à vouloir introduire plus de flexibilité.

Les obligations d’entreprise et l’immobilier plébiscités

Plus précisément, 65% du panel compte privilégier dans les années à venir les actifs de rendement. Parmi ceux-ci, les obligations d’entreprise et l’immobilier sont plébiscités, suivis par les emprunts d’Etat en zone euro, le High Yield, la dette émergente, les obligations convertibles et le monétaire. La logique de « yield management » (gestion des rendements) prend le pas sur la logique d’  « asset management » (gestion des actifs). « Les investisseurs cherchent la valorisation sur le long terme, mais veulent un revenu année après année car les actifs sont devenus trop volatiles », a commenté Pierre-Emmanuel Besnard, directeur du développement de Morningstar France.

A l’inverse, la gestion alternative et les actions sont moins recherchées. « Les actions de la zone euro notamment sont défavorisées au profit des actions internationales et émergentes, explique Pierre-Emmanuel Besnard. On peut l’expliquer par le fait que les acteurs européens sont déjà exposés à leur propre pays via les obligations d’Etat pour financer leur économie. Les actions sont donc un moyen d’aller s’exposer aux autres marchés. »

La détention en direct privilégiée

Concernant le mode de gestion, Morningstar note que la défiance vis-à-vis de la gestion déléguée est palpable. 51% du panel dit préférer la détention de titres en direct, à la place de mandats de gestion ou de fonds d’investissement. On peut expliquer ce comportement par l’arrivée prochaine de Solvabilité II, qui requiert « une gestion plus simple vers des titres plus sûrs ayant des maturités plus courtes », et une transparence beaucoup plus grande. D’autre part, Morningstar explique que les institutionnels sont attirés par les rendements, et souhaitent porter leurs titres jusqu’à échéance, d’où l’absence de besoin de recourir à un gérant d’actifs.

Enfin, parmi les risques que craignent le plus les investisseurs institutionnels, la crise de la dette des pays de la zone euro, la crise bancaire et la crise économique sont les plus citées. La réglementation et les agences de notation sont repoussées au second plan, signe que ces acteurs ont pris acte des changements à venir et s’y préparent déjà.

Ces résultats ne sont pas encore tout à fait définitifs, puisque l’enquête sera close le 29 février. Elle sera présentée entièrement lors de l’ouverture d’un forum adressé aux investisseurs institutionnels le 13 mars.

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