Santé et prévoyance: quelles marges sur les tarifs en 2019 ?
Les contrats individuels présentent de meilleurs ratios de sinistralité que les contrats collectifs, selon le baromètre 2018 de la santé/prévoyance de Facts & Figures. Les possibilités des organismes complémentaires de contenir les tarifs en 2019 sont donc plus importantes en santé individuelle qu'en santé collective.
Comment vont faire les organismes complémentaires pour répondre à la demande du Président de la République de contenir leurs tarifs en 2019 ? De quelles marges de manœuvre disposent-ils ? Le cabinet Facts & Figures, connu pour son baromètre des assurances dommages, a présenté son premier baromètre en santé et prévoyance le 20 décembre.
Le marché de la santé et la prévoyance est évalué à 72,1 milliards d'euros en 2017, en hausse moyenne de 2,2% par an à cause notamment « du vieillissement de la population et du transfert des risques du régime général vers les assureurs complémentaires », selon Cyrille Chartier-Kastler, président de Facts & Figures. La santé collective a connu une hausse de 4% par an, sous l'effet de la généralisation de la complémentaire santé.
La rentabilité est très hétérogène en fonction du type de contrat. Ainsi, si la prévoyance individuelle constitue « le terreau de profitabilité du marché" avec des ratios de charges de prestations évalués à 30% en garantie temporaire décès, à 45% sur les garanties individuelles accident (dont la GAV) et à 50% sur les assurance de prêt.
Dans le marché de la santé, la rentabilité concerne uniquement les contrats individuels. Ainsi, le ratio de sinistralité d'un contrat santé individuel est de 68% chez un assureur privé et de 78% chez une mutuelle. Les moins rentables sont les contrats collectifs, avec 91% de ratio de sinistralité en santé et 95% en prévoyance. A cela, il faut ajouter les coûts de distribution, les coûts de gestion des opérateurs et la réassurance. La santé et la prévoyance collectives représentent 36% des cotisations du marché de la santé et la prévoyance mais concentrent 46% des prestations, selon ce baromètre.
Des hausses de tarif inévitables en assurance collective
« En santé et prévoyance collectives, les acteurs vont vers des hausses de tarif qui sont indispensables pour équilibrer les comptes. Certains acteurs paritaires sont en difficulté car ils n'ont pas effectué les hausses de tarif nécessaires il y a quelques années », selon Cyrille Chartier-Kastler. En revanche, en santé individuelle, « je pense que les organismes complémentaires peuvent limiter la hausse de tarifs, sachant que le coût du risque augmente tous les ans à cause de l'âge », considère-t-il.
Les charges de distribution sont plus fortes en assurance individuelle qu'en assurance collective. Par exemple, l'assurance de prêt représente 12,6% du chiffre d'affaires du marché de la santé et la prévoyance mais elle concentre 31,7% des charges de distribution. A l'opposé, la santé collective représente 22,8% du chiffre d'affaires mais uniquement 10,6% des frais de distribution du secteur. La santé individuelle est plus chargée, avec 27,4% du chiffre d'affaires rapporté à 22,1% des charges.
En ce qui concerne la gestion des sinistres, la santé individuelle concentre 31,1% des charges de gestion pour 27,4% de chiffre d'affaires. La santé collective, pour sa part, concentre 15,5% des charges de gestion pour 22,8% de chiffre d'affaires.
La rentabilité des contrats varie fortement. La prévoyance individuelle est le segment le plus rentable avec 59% de résultat technique brut global. La santé et la prévoyance collectives sont en revanche déficitaires, avec une perte de 300 millions en santé, soit -8,1% de chiffre d'affaires en 2017, et avec 100 millions de perte en prévoyance, soit -2,3% de chiffre d'affaires. La santé individuelle, en revanche, est rentable, avec un résultat technique positif de 12,7% soit 600 millions d'euros en 2017.
La réforme sur le reste à charge zéro n'aura aucun impact sur les prestations des organismes complémentaires en 2019 mais « le vrai débat aura lieu pour 2020 et 2021 en fonction de la répartition du coût entre assurance maladie et assurance complémentaire », signale Cyrille Chartier-Kastler.
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