Santé / Prévoyance : Les résultats techniques se dégradent en 2020

kapla
Les équilibres techniques sont fragiles en santé et prévoyance depuis des années.

Les résultats techniques en santé et prévoyance collectives se dégradent en 2020, selon les calculs du cabinet d’actuariat Optimind.

2020 a été une année particulière pour les acteurs de l’assurance collective. En santé, l’entrée en vigueur de la réforme sur le 100% santé a été perturbée par la crise sanitaire et le confinement. Dans cette période, les prestations versées ont chuté entre 60% et 70%, principalement sur le dentaire, l’optique et les soins reportables. Après le confinement, les dépenses de santé ont augmenté entre 6 et 10% mais sans que cela se traduise par un rattrapage des soins. Optimind estime que la baisse des remboursements des organismes complémentaires oscillera entre 3 et 5% sur l’année 2020.

Malgré cette chute des prestations, Optimind estime que la dégradation technique du risque santé sera comprise entre 0 et 5%. Plusieurs effets cumulés viennent grever la rentabilité des contrats santé : l’effet 100% santé, notamment en dentaire et sur les contrats d’entrée de gamme, l’effet de la crise économique sur l’encaissement des cotisations, ainsi que l’effet de la taxe covid. Les organismes estiment aujourd’hui, qu’entre 0 et 3% des cotisations ne seront pas recouvrées en 2020. Mais les véritables effets de la crise économique sur l’encaissement des cotisations se feront sentir en 2021.

Dégradation entre 10 et 15% du S/P en prévoyance

En prévoyance collective, la dégradation des ratios sinistres à primes moyens sera plus importante, comprise entre 10 et 15%, selon les estimations d’Optimind. Cela s’explique par une augmentation des arrêts de travail, par l’effet du chômage partiel sur l’assiette des cotisations encaissées, par l’effet de la crise économique sur les cotisations ainsi que par l’effet de la portabilité.

La portabilité des droits santé et prévoyance des salariés ayant quitté l’entreprise est financée par les actifs pendant 12 mois. Avant la crise, le coût moyen de la portabilité était estimé à 3% du montant de la cotisation, tous secteurs confondus et la durée moyenne était de trois mois. « Aujourd’hui, la portabilité est plus une préoccupation qu’un constat. Les secteurs des industries aéronautique, du transport, du bâtiment et liés au tourisme sont particulièrement touchés. On s’interroge pour les années 2021 et 2022. Demain si les entreprises ne disposent plus des aides gouvernementales qui leur permettent de couvrir une partie de leurs coûts et leurs pertes, le nombre de liquidations judiciaires risque d’augmenter. Nous nous attendons à une augmentation du nombre de personnes couvertes par le dispositif de portabilité et de la durée moyenne de la portabilité », indique Florence Larmanjat, senior manager corporate and risk services d’Optimind. Les cotisations des actifs risquent donc d’augmenter pour supporter le coût de la portabilité ».

Modération tarifaire pour 2021

« Les assureurs ont décidé de ne pas répercuter la totalité de la dégradation technique sur les tarifs de 2021. L’idée est d’analyser les résultats en essayant de distinguer l’effet conjoncturel lié au covid du reste et selon une vision plus long terme. Les revalorisations tarifaires restent modérées, hors quelques redressements des régimes déficitaires, indique pour sa part Chloé Parfait, senior manager actuarial & financial services d’Optimind. La crise a percuté les équilibres techniques déjà précaires des régimes santé et prévoyance collectives. La rentabilité est devenue très difficile sur certains comptes, voire impossible ».

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