Notation : Coface anticipe une nouvelle donne du risque pays dans le monde, les pays avancés rejoints par les pays émergents

A l’occasion de son 15e Colloque Risque Pays, Coface prévoit pour 2011 un ralentissement modéré de l’économie mondiale. Parmi les risques à surveiller, on relève la poursuite des tensions sur les risques souverains en zone euro et le financement de la croissance dans les pays émergents. Coface indique que l’heure est à la convergence des risques entre les pays avancés et les pays émergents qui ont vu leur note s’améliorer à l’épreuve de la crise.

Si au moment du lancement de la notation pays en 2001, Coface suivait 130 pays, aujourd’hui elle note 156 pays dont 28 pays dits avancés.

En 2011, la question clé du risque pays sera le contrôle de la dette privée et le financement de la croissance

Selon les prévisions de Coface, la croissance mondiale devrait ralentir en 2011 à 3,4% contre 4% en 2010, sous les effets conjugués du désendettement du secteur privé, de la mise en place des politiques budgétaires restrictives en Europe, de la hausse possible des matières premières et du ralentissement attendu du commerce mondial. Les pays avancés afficheraient une croissance de 1,8% contre 2,3% en 2010 et la zone euro une décélération de croissance limitée (1,4% contre 1,7% en 2010). Cette baisse modérée aura un effet négatif sur le risque de crédit moyen des entreprises mais l’impact sera très contenu car le différentiel de croissance entre 2010 et 2011 est limité à 0.6 point de PIB.

Grands gagnants de la crise, les pays émergents poursuivront en 2011 leur trajectoire de croissance solide, avec un léger ralentissement : 6,2% contre 6,7% en 2010. A la différence de la zone euro, où la bulle d’endettement privé a entraîné des crises souveraines, l’activité des pays émergents n’est pas handicapée par le poids de la dette privée. Toutefois, les pays émergents ne se sont pas à l’abri d’une envolée de l’endettement du secteur privé. Comment en effet financer le boom de l’investissement que l’on observera encore en 2011 ? Il faudra alors surveiller deux types de profils :

– le profil « polono-brésilien » : les entreprises ont tendance à s’endetter à l’étranger car les banques locales sont trop réticentes et les taux domestiques sont prohibitifs d’où un risque d’avoir dans ces pays des contreparties de plus en plus endettées en devises ;

– le profil « sino-vietnamien » : les entreprises s’endettent plutôt en monnaie locale auprès des banques domestiques souvent peu armées pour analyser correctement les risques. Des entités très endettées et parfois peu transparentes pourraient se trouver en difficulté.

Un nouveau phénomène : la convergence entre les risques des pays avancés et des pays émergents se renforce

En se fondant sur son expertise en matière d’appréciation des risques pays, Coface constate une tendance positive quant au nombre de changements de notes pays pour l’année 2010, écartant le scénario d’un « double dip ». Si en 2009, Coface a procédé à 23 reclassements ou mises sous surveillance positive et 47 déclassements ou mises sous surveillance négative, en 2010 elle a reclassé ou placé sous surveillance positive 47 pays et n’a déclassé ou placé sous surveillance négative que 6 pays.

Le panorama mondial du risque pays présenté lors du colloque 2011 souligne un effet de ciseau prononcé des risques entre les pays avancés et les pays émergents, lié à la stabilité des performances des derniers et à la résistance de l’expérience de paiement constatée par Coface sur les entreprises des économies émergentes pendant la crise. Les pays émergents affichent des rythmes d’activité élevés et stables et une forte solidité financière, alors que les risques se sont dégradés pour les pays avancés. Parmi ces derniers, seulement 9 sur 28 ont retrouvé leur niveau d’avant-crise.

Avant la crise, la note la plus basse des pays avancés était A2, 9 pays émergents avaient des notes supérieures ou égales à A2. En 2010, la note la plus basse des pays avancés est A4. 27 pays émergents dont la Chine, la Turquie, le Brésil, l’Inde ou la Pologne ont des notes supérieures ou égales à A4 et se retrouvent mieux notés que la Grèce, l’Irlande ou le Portugal, sujets aux bulles de la dette qu’elle soit privée ou publique. La Turquie est désormais seulement un cran en dessous du Royaume-Uni, la Pologne est mieux notée que l’Islande.

« Traditionnellement, le concept de risque pays était réservé aux économies émergentes, avec un risque majeur lié à la dette en devises de ces pays. Or, la zone euro a montré qu’on pouvait être en crise avec une dette externe très élevée mais libellée en « monnaie locale ». Cette grille de lecture vole donc en éclat », explique François David, président de Coface. « Ces évolutions nous confortent dans notre choix de méthodologie : Coface n’a jamais réellement fait de différence de nature entre les pays émergents et les pays avancés ».

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