Marché : Avis de gros temps pour l’assurance plaisance ?

Alors que le Salon nautique de Paris bat son plein, la plaisance n’échappe pas à la crise. L’effondrement des ventes de bateaux neufs plombe le dynamisme de ce segment de l’assurance transports. Les acteurs jouent sur les extensions de garantie et les services pour fidéliser les assurés.

La plaisance n’avance plus. Pire, ce secteur qui pèse plus de 4,5Mds d’euros (dont 80 % pour les activités de service) et emploie plus de 40.000 personnes dans plus de 13.000 entreprises, recule même d’une année sur l’autre depuis la première crise financière de 2007. En 2008, plus de 23.000 unités étaient immatriculées. L’an dernier, les ventes de bateaux neufs (voile et moteur) sont tombées à un peu plus de 19.000 embarcations. En trois ans, la chute atteint donc 19 % ! Le gadin devrait être du même ordre pour l’année en cours à en croire Philippe Bodou, responsable de cette branche dans la division Transports de Generali. Seule consolation pour les professionnels français du nautisme, le marché de l’occasion reste stable : « c’est le moment de faire de bonnes affaires » glisse-t-il.

L’embellie avec une croissance globale à deux chiffres 11 % sur l’exercice 2010-2011 n’aura donc été qu’un feu de paille. Cette année, la construction, verra ses facturations glisser de 12 %, malgré le soutien de l’export qui absorbe un tiers des unités neuves. Quant à la location, à en croire Arnault de Marion, qui fournit le secteur en solutions d’assurance avec son entreprise A2M, « elle tient vaille que vaille : les gens continuent à partir en mer et à se garantir ».

L’assurance de la plaisance est elle aussi atteinte par ricochet. Cette niche évaluée à 120M d’euros voit son chiffre d’affaires stagner à en croire son leader Generali qui revendique 30 % du marché et plus de 40.000 contrats. « Comme il y a moins de transactions cette année, nous enregistrons moins d’affaires mais de meilleure qualité » poursuit Philippe Bodou. Et quand la Matmut annonce des primes en hausse de 2,5 % par rapport à 2011, il pointe une baisse de 5 % de ses primes.

Prime à l’innovation

Alors que leurs recettes fondent, les mutuelles et les assureurs voient aussi leurs coûts augmenter. Deux facteurs expliquent cette hausse. Il y a d’abords des bateaux moins bien entretenus par des propriétaires, qui surveillent leurs dépenses comme le lait sur le feu. De leur côté, les réparateurs chargent certains devis, tant pour tenir compte de l’ampleur des travaux à réaliser que pour compenser le ralentissement de leur activité. Toutefois, les résultats techniques 2012 de ce métier sont en amélioration par rapport à 2011.

Première planche de salut adoptée entre autres par Generali : l’extension des garanties. L’italien met en avant l’allongement de la durée de sa valeur à neuf du bateau endommagé ou perdu : elle est portée de cinq à six ans. De même, l’assureur compte beaucoup sur l’augmentation de 10 % de la valeur estimée par l’expert d’une unité volée ou perdue, dans la limite de 10.000 euros. « Nous sommes la seule compagnie du marché à la proposer » insiste Philippe Bodou. Au programme également, des réductions de franchises et notamment auprès des adeptes de la location. « Certains loueurs ont souvent la tentation de faire payer l’entretien de leurs bateaux par les clients avec des franchises très fortes. Nous proposons de limiter au maximum le reste à charge des assurés » expose Arnault de Marion. Son crédo est simple : s’inspirer des méthodes des cartes de crédit et proposer toutes les formules complémentaires des émetteurs et banques, qui négligent le secteur de l’assurance/assistance des bateaux pour se concentrer sur les passagers.

Quant aux services, ils ne sont pas oubliés, et notamment tous les conseils et outils pour prévenir les sinistres. Sur ce point, Macif a pris une longueur d’avance, avec son école de sécurité en mer, dans laquelle des plaisanciers viennent se former aux règles et manœuvres de sécurité en pleine mer. Dernier point aussi prospectés : l’international avec des portails comme celui de A2M, accessibles en quatre langues et des formulaires de souscription simplifiés.

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