Edito : Solide errement

Mauvaise route
Un panneau indique une mauvaise route

Le monde de l’après crise ne devra pas être celui qui prévalait avant. Le chef de l’Etat l’a répété a plusieurs reprises, laissant entendre que des enseignements seront à tirer de cette pandémie. La distanciation sociale ou physique devait nous permettre de prendre du recul sur ce monde d’avant. La distanciation sociale ou physique devait nous permettre de nous retrouver. Plus unis, plus solidaires et moins individualistes. Certes quelques pratiques nées du confinement seront certainement conservées. Le télétravail, les réunions à distance et la limitation des déplacements lointains aux nécessités impérieuses. Mais pour le reste, au-delà des avancées pratiques dans notre quotidien, le basculement dans une nouvelle ère semble s’éloigner à mesure que le déconfinement approche.

Il suffit d’observer le secteur de l’assurance pour l’appréhender. Les fédérations auraient dû être le vecteur principal de la communication de crise. Elles n’ont rien à vendre si ce n’est capitaliser sur les fondements qui régissent l’assurance, cette mal aimée de l’opinion publique depuis si longtemps. L’occasion était formidable de redorer une image écornée. Car oui, l’assurance est par essence protectrice et curative. La mutualisation crée une solidarité invisible entre les individus. Sans le savoir, ils sont liés par la nature des risques auxquels ils sont exposés et pour lesquels ils se protègent.

Mais il n’en est rien. Les individualismes ont pris le pas sur l’union. Les familles se déchirent entre elles. On cloue au pilori. On réclame des têtes. Et finalement, à défaut de proposer les bonnes couvertures, chaque assureur essaie de la tirer à soi. Les sacro-saintes frontières entre les mutualistes et les capitalistes ont volé en éclat. Tous finissent dans le même panier de l’égotisme exacerbé. Quelle tristesse de voir la solidarité devenir un argument commercial, une opportunité de gagner de nouveaux clients ou d’en voler à son voisin.

La solidarité ne se mesure pas simplement au nombre de 0 sur le chèque. Elle ne se limite pas aux clients en portefeuilles. Elle se définit comme “le sentiment d’un devoir moral envers les autres membres d’un groupe, fondé sur l’identité de situation”, nous indique le Larousse. Elle s’est construite sur l’étymologie de la notion de solidité, de consistance. Mais pour le secteur elle semble relever du chancelant, du labile. Cette chimère paraissait presque accessible. Elle s’est évanouie dans une réalité sonnante et trébuchante.

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