Edito : La main invisible

2020 s’en est allé. Place à 2021 et à l’espoir. L’espoir d’en finir avec cette épidémie qui nous aura tous touchés dans nos chairs ou dans notre entourage, aura bouleversé nos vies sociales et dont les effets sur l’économie semblent encore devant nous. L’espoir de nous retrouver à un déjeuner dans un restaurant, à un cocktail ou une conférence de presse. L’espoir de désinstaller les Teams, Zoom et autre Webex de nos ordinateurs comme pour marquer la fin de la boulimie numérique et distancielle de ces derniers mois. Finalement l’espoir de regoûter au monde d’avant, puis d’embrasser le monde d’après dont on nous a si souvent parlé.

Mais qu’attendre de ce monde d’après ? Le secteur a tangué pendant la crise. Pas sur ses fondamentaux économiques qui devraient rester solides. Mais l’image qu’il a renvoyée au public l’a plongé un peu plus dans une abyme de défiance qui caractérise la période que nous vivons. L’assurance se fonde pourtant sur le principe noble du collectif, de la mutualisation. Cependant l’assuré la perçoit, lui, de manière individuelle. Elle se rapproche en cela de l’impôt. Il finance des routes, des écoles, des hôpitaux, l’Assurance maladie… Mais peu importe, on en paye toujours trop. Dans le monde d’après, le secteur doit donc s’adapter à cet individualisme rampant. Dans les mois à venir, beaucoup de personnes vont se retrouver dans des situations extrêmement compliquées, sans emploi, sans perspective, dans le besoin. C’est le moment idéal pour répondre aux besoins des assurés, mantra dont on nous a souvent rebattu les oreilles. Car les milliards d’euros déversés par le secteur au nom de l’intérêt général n’auront presque servi à rien dans l’esprit de l’opinion publique. Il aura fallu quelques restaurateurs à la résonance médiatique substantielle pour balayer d’un revers de la main les efforts consentis par les assureurs. Il ne s’agit pas de dire que le secteur a été parfait. Loin de là. Mais il ne mérite peut-être pas le traitement dont il a fait l’objet. Adam Smith avait peut-être raison, la recherche des intérêts particuliers aboutit à l’intérêt général. En tout cas, l’inverse ne s’est pas vérifié durant cette crise.

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