Edito : Grèce, les assureurs français entre coquillages, crustacés et bénévolat

L’exposition à la dette souveraine grecque des assureurs et bancassureurs français, grains de sable à l’échelle mondiale, se chiffre toute de même en milliards. Et tenter d’identifier leur implication revient à débarquer sur une plage.

Le secteur financier participe au plan de sauvetage de la Grèce selon l’accord des dirigeants de la zone euro. L’implication des assureurs et bancassureurs français n’est cependant pas aisée à dégager, la majorité des sources d’information ne citant essentiellement que les banques.

Si le secteur assurantiel français n’est pas menacé de manière systémique, il reste parmi les plus exposés à  la dette grecque en Europe avec un total de 6Mds d’euros de titres : 1,1Mds pour Axa, 520M pour Covéa et 2Mds pour CNP et Groupama. Mais le risque est étalé puisque la majorité des actifs détenus arrive à échéance en 2015, le risque à court terme portant sur 1 à 2Mds.

Le « volontariat » est-il un terme financier ?

Basée sur le volontariat, la participation des acteurs privés a été listée par l’Institut de la finance internationale et les premiers échanges d’obligation devraient avoir lieu en août. En France, les bancassureurs BNP Paribas et Société générale, ainsi que l’assureur Axa, font déjà partie des heureux bénévoles. D’aucuns tiquent un peu quand même sur le terme de « volontariat » lorsqu’il est prononcé dans le secteur financier.

L’idée sonne  comme une envie de bâtir des châteaux (de sable) en Espagne. L’ISDA, autorité en la matière, a rapidement annoncé que le défaut partiel hellénique ne déclencherait pas les fameux CDS. Surtout, au centre de l’accord, les titres grecs sont garantis par le Fonds européen de stabilité financière (FESF) pour ceux qui jouent le jeu. Et ce sont les États européens qui garantissent la garantie. La dette de la France va ainsi s’accroitre de 32Mds : aux 15Mds annoncés par M. Fillon s’ajoutent les 17Mds du premier plan.

La garantie du FESF

Si Angela Merkel est parvenue à imposer la participation du privé malgré les réticences de la France et de la BCE, qui souhaitaient endiguer le défaut de paiement, la chancelière a en revanche lâché du lest sur le champ d’intervention du Fonds européen. Le FESF pourra acheter de la dette en seconde main – sous certaines conditions – et garantir les obligations publiques.

« Rééchelonnées ou décotées, les obligations deviennent plus fiables ou plus intéressantes, mais il restera difficile de trouver repreneur sans la garantie du Fonds », explique Philippe Crevel, économiste. Ceux qui viendraient en solo ne seraient donc pas forcément gagnants.  « Il s’agit bien d’un défaut de paiement qu’on a organisé sous ces habillages, mais il ne fallait pas que cela apparaisse comme contraint », ajoute -t-il. Autre avantage pour le secteur financier ? Une forme de réhabilitation aux yeux du contribuable, sans-doute. Charité bien ordonnée commence par soi-même.

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