Voilà plus d'un an que la crise sanitaire fait quotidiennement la Une de la presse. Elle a modifié nos existences entre enfermement, isolement et espoirs repoussés de retrouver un semblant de « vie d'avant ». Pas seulement pour entendre à nouveau le cliquetis des assiettes ou des verres dans les bars et les restaurants. Pas seulement pour se faire une toile, une exposition ou partir s'aérer l'esprit à plus de 10km de son domicile. Mais également pour exercer à nouveau notre métier de journaliste. Le off n'a jamais aussi bien porté son nom. Il s'est éteint à mesure que les conférences de presse devenaient de plus en plus formatées. J'en viens presque à regretter le joyeux bazar des conférences sur Teams, Zoom ou Webex, et leur lot de confrères qui oublient de couper leur micro. Mais au moins nous disposions d'un micro pour interpeller les intervenants, les relancer.
Pourtant depuis quelques semaines les micros se sont coupés. Les webcams ont cédé la place à de vraies caméras. Les conférences de presse sont devenues des émissions télévisées sans aspérités et dans lesquelles le seul moyen d'interagir pour le journaliste est un outil de chat sans âme. Les questions passent désormais deux filtres. Celui de la modération et celui du présentateur ou de la présentatrice en plateau qui les soumet aux intervenants. Certes, depuis un an, nous vivons dans une ère de distanciation sociale pour faire reculer l'épidémie. Mais prenons garde de pas couper la relation directe entre les journalistes et leurs interlocuteurs qui donne son parfum si particulier à une conférence de presse. Ne perdons pas ce jeu des questions/réponses qui relève de l'exercice périlleux pour les intervenants d'une conf'. Il paraît que sans risque il n'y aurait pas d'assurance. Ajoutons que sans risque, il n'y aurait pas d'information de qualité.
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