Le 27 juin, le club prévoyance du Cercle LAB s’est réuni pour la troisième fois de l’année autour du thème des nouveaux services pour réduire les arrêts de travail. Il a été question de qualité de vie au travail, de contre-visite médicale et d’accompagnement au retour à l’emploi.
[gallery type="slideshow" ids="808792,808790,808789,808788,808787,808785,808784,808783,808781,808791"]Après une première réunion sur les indicateurs de l’absentéisme et une deuxième réunion sur les préconisations du rapport Bérard Oustric Seiller, le club prévoyance s’est penché sur les services pour réduire les arrêts de travail.
En guise d’introduction, les assureurs autour de la table ont évoqué les dernières tendances autour de l’absentéisme : le vieillissement de la population active et le recul d’âge de départ à la retraite ont provoqué une augmentation de l’absentéisme de longue durée, souvent lié à un phénomène de dépression, burn-out ou troubles musculo-squelettiques. Parallèlement, ils constatent un micro-absentéisme chez les jeunes, souvent associé à des comportements addictifs.
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Alain Biboulet, de la direction des marchés pros et entreprises d’Allianz France, a présenté un projet pilote sur la contre-visite médicale avec des PME de son portefeuille. Le service vise les 5% d’arrêts de travail non justifiés médicalement. Le service est en inclusion dans la phase pilote et ensuite, il sera payant, financé à 50-50 par l’employeur et l’assureur, pendant les 30 premiers jours d’arrêt. Alain Biboulet a pointé l’importance de la communication en amont du dispositif pour éviter tout risque d’image. « Nous voulons tester le taux d’appétence des entreprises au dispositif, sachant que si nous devions financer l’intégralité du service, nous aurions un retour sur investissement positif », assure-t-il. Allianz conçoit ce service dans le cadre d’une offre d’accompagnement au retour à l’emploi plus large.
Selon plusieurs témoignages paritaires, les branches sont très frileuses à la mise en place du contrôle d’arrêt de travail, jugé répressif. Étant donné le faible nombre d’arrêts injustifiés, Malakoff Médéric Humanis a décidé de ne pas mettre en avant le contrôle dans son offre de services. D’autres acteurs préfèrent envoyer une lettre au salarié très en amont, pendant les premières semaines, en lui proposant un accompagnement. Le contrôle comme les courriers en provenance de l’assureur ont un effet dissuasif et peuvent accélérer le retour à l’emploi, selon plusieurs témoignages. Cela permet de lutter contre la banalisation des arrêts de travail.
Éviter la désinsertion professionnelle
Christian Mainguy, directeur général de Réhalto, a présenté les résultats de la dernière édition de son étude annuelle sur la qualité de vie au travail. 25% des salariés absents identifient une cause professionnelle comme étant à l’origine de leur arrêt. 46% des entreprises françaises ont mis en place des actions spécifiques de prévention des arrêts de travail et uniquement 31% ont mis en place un accord sur la qualité de vie au travail. L’étude démontre l’impact du télétravail sur le taux d’absentéisme. La charge de travail et la perception du climat social ont également une influence sur le taux d’absentéisme. 62% des salariés en arrêt long indiquent qu’ils auraient souhaité être accompagnés. Christian Mainguy a présente son service d’aide au retour à l’emploi et a insisté sur l’importance de l’entretien de reprise. Dès lors que l’arrêt est multifactoriel, l’accompagnement peut avoir une dimension biologique et psychologique. L'idée est d'offrir un soutien professionnel pour résoudre les conflits au travail mais également un soutien sociale. Cette approche individualisée a permis des taux de sortie d’indemnisation de 65 à 70%. Les meilleurs taux de réussite concernent les salariés accompagnés dans les 4 mois d’arrêt de travail afin d’éviter la désinsertion professionnelle du salarié. Le niveau de salaire du collaborateur joue également un rôle important : ainsi, Rehalto affirme que les collaborateurs avec une faible rémunération ainsi que les cadres très bien payés ont plus de chances de réussite que les salariés moyens. Concernant le modèle économique, Rehalto affirme que le service s’autofinance.
La télémédecine réduit les délais
Magaly Freon, eHealth innovation and business development de MédecinDirect, a présenté un pilote d’expertise médicale à distance, qui sera lancé cet été avec deux assureurs. Le principal avantage du contrôle à distance est de pouvoir réduire les délais : 3 mois en moyenne pour une contre-expertise classique contre 1 à 2 semaines pour une expertise médicale à distance, à condition que le salarié envoie toutes les pièces justificatives.
Le modèle économique en question
Philippe Dabat, parrain du club prévoyance, était présent pour cette dernière réunion. Dans sa conclusion, il a évoqué le vieillissemnet de la population, le taux d’emploi des seniors et la difficulté pour les entreprises de visualiser le coût des arrêts de travail. Il a regretté que les arrêts de travail soient considérés comme une variable d’ajustement pour certaines entreprises et comme un droit pour certaines organisations syndicales. Il a également pointé du doigt la responsabilité des employeurs dans la pénibilité de certains secteurs. Le défi pour les assureurs est donc de basculer du curatif vers le préventif, de mieux comprendre les données de l’absentéisme via la DSN et de trouver des solutions de masse. « Quoiqu’il arrive, ces actions auront un coût », signale Philippe Dabat.
Les travaux du club prévoyance seront synthétisés dans une publication annuelle qui sera présentée lors du MASTERCLUB du Cercle LAB du 11 au 13 septembre à Barcelone. La prochaine réunion du club santé aura lieu à la rentrée, en présence du nouveau parrain Christophe Scherrer, directeur général délégué de Malakoff Médéric Humanis.
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