Risque maritime : La guerre en Ukraine, attention au naufrage

Tandis que les sinistres en mer sont en baisse depuis 10 ans, les assureurs maritimes font désormais face au conflit russo-ukrainien. Ce dernier accroit le risque cyber et les sinistres liés à la hausse des prix.

Allianz Global Corporate & Specialty (AGCS) a publié son bilan annuel sur la sécurité maritime. Les sinistres en mer sont en baisse de 57% sur les dix dernières années. En 2021, 54 pertes totales ont été déclarées dans le monde, contre 65 l’année précédente, alors que le nombre de navires à flot n’a cessé d’augmenter ces trente dernières années.

Pourtant, il est bon de se méfier de l’eau qui dort. La guerre en Ukraine qui a débuté en février 2022 pourrait faire craindre, pour les assureurs maritimes, un semblant d’orage. « Les assureurs devraient recevoir plusieurs demandes d’indemnisation au titre des risques de guerre, pour les navires endommagés ou perdus en raison de mines sous-marines, de tirs de missiles et de bombardements dans les zones de conflit, explique Justus Heinrich, directeur mondial des produits d’assurance maritime chez AGCS. Des demandes d’indemnisation au titre des risques de guerre maritime, pour les navires et les cargaisons bloqués ou pris au piège dans les ports et les eaux côtières de l’Ukraine, pourraient également leur être adressées ».

D’après le dernier rapport d’AGCS, la guerre en Ukraine pourrait ainsi avoir plusieurs conséquences sur les échanges marins. Les mesures restrictives contre l’activité russe ont d’ores et déjà des effets sur le secteur qui fait face à des défis opérationnels comme la crise des équipages et la hausse des prix. La disponibilité du combustible de soute a également été soulevée, ainsi que le risque cyber qui ne cesse de s’accroitre.

L’or noir russe

Le prix des matières premières étant affecté depuis le début du conflit, le secteur pourrait bien dans quelque temps faire face à une nouvelle sanction concernant l’importation de pétrole russe. Cette dernière accentuerait la hausse des prix et la baisse de disponibilité du combustible de soute. « Elle pourrait pousser les armateurs à utiliser des carburants alternatifs qui, s’ils sont de qualité inférieure, pourraient causer des bris de machines », poursuit AGCS dans son rapport.

Dans un autre registre, AGCS souligne l’augmentation des risques cyber. Pour le secteur maritime, le brouillage de GPS à distance, l’usurpation du système d’identification automatique et les interférences électroniques représentent des risques croissants auxquels les assurés vont devoir faire face.

Covid-blues à l’horizon

Tandis que la pandémie a entraîné peu de sinistres directs dans le secteur de l’assurance maritime, le rapport met en avant les risques auxquels le marché pourrait faire face post-crise sanitaire. En plus d’une future pénurie d’officiers dans les 5 prochaines années, le personnel restant ne semble pas au mieux de leur forme. En cause notamment, la hausse des pressions commerciales, des obligations de conformité et des charges de travail. De telles conditions favorisent l’erreur humaine qui, selon l’analyse d’AGCS, serait impliquée dans 75 % des incidents maritimes.

La reprise de l’activité en trombe conduit à une saturation des capacités de transport qui poussent les compagnies de transports maritimes à utiliser des bateaux non-adaptés. « Face à l’augmentation de la demande de transport, certains armateurs tentent également de prolonger la durée de vie utile des navires ».

Sous pression

Concernant le réchauffement climatique, les pressions s’accentuent contre le secteur de l’assurance maritime pour qu’il intensifie ses mesures en faveur du développement durable, décrit le rapport. Pour rappel, « ses émissions de gaz à effet de serre ont augmenté d’environ 10 % entre 2012 et 2018 », indique AGCS dans un communiqué.

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