Retraite supplémentaire : L’Eiopa lance un stress test climatique

Le siège de l'Eiopa à Francfort
Le siège de l'Eiopa à Francfort.

L’Eiopa publie les résultats du premier stress test sur la transition écologique réalisé auprès de 187 acteurs de la retraite supplémentaire de 18 pays européens.

Le secteur de la retraite supplémentaire est-il suffisamment robuste en cas d’emballement climatique ? L’Eiopa a souhaité tester la résistance des institutions européennes de retraite professionnelle face aux effets du changement climatique dans le cadre d’un stress test majeur. Et si d’un coup l’économie entière devait basculer vers la neutralité carbone de façon désordonnée ? La transition vers une économie bas carbone déclencherait une augmentation des prix des combustibles fossiles et des énergies.

L’Eiopa a analysé les impacts probables d’un tel scénario sur 187 acteurs qui représentent 65% des actifs européens. Les actifs des assureurs positionnés sur la retraite supplémentaire seraient fortement impactés par le choc des marchés financiers.

Forte dépréciation des actifs

Les actifs des assureurs européens chuteraient de 12,9 %, correspondant à des pertes de valorisation des actifs de quelque 255 milliards d’euros, selon les calculs de l’Eiopa. 6% des actions détenues par les assureurs et 10% de leurs obligations d’entreprises sont placés dans des d’entreprises fortement émettrices en carbone, comme l’exploitation minière, l’électricité, le gaz et les transports terrestres, dont le scénario anticipe des dépréciations abruptes comprises entre 20 % et 38 %.

L’Eiopa a également analysé les impacts sur le passif, perturbé par la hausse des taux d’intérêt. La baisse du passif des assureurs ne permettrait pas de compenser complètement la dépréciation des actifs. Les ratios de capitalisation passeraient de 122,7% à 120,2% sur le plan national.

Le stress test a été complété par une enquête qualitative sur les mesures d’adaptation et de réduction d’émissions. L’Eiopa a constaté que « malgré les efforts pour intégrer les critères ESG dans la stratégie d’investissement des assureurs, ils rencontrent encore des obstacles notables dans l’allocation des investissements sur des secteurs sensibles au risque climatique », indique le superviseur européen.

Seulement 14% des assureurs interrogés déclarent utiliser des tests environnementaux dans leur politique de management de risques. Ces derniers parviennent à mieux surmonter le stress test climatique de l’Eiopa.

« En examinant à la fois les actifs et les passifs, l’impact sur les ratios de financement semble gérable, ce qui en soi est rassurant, a déclaré la présidente de l’Eiopa, Petra Hielkema. Néanmoins, les lourdes pertes sur les actifs mettent clairement en évidence la vulnérabilité du secteur face aux risques climatiques en raison des investissements dans les industries à forte intensité de carbone. Dans le scénario de cette année, une baisse des passifs due à la hausse les taux d’intérêt ont contribué à contrebalancer une grande partie des pertes du côté des actifs, mais ce n’est peut-être pas le cas dans chaque scénario. Il est important d’y réfléchir et d’envisager de tester différents scénarios à l’avenir car ils pourraient nous donner une meilleure idée des risques environnementaux supportés par le secteur ».

Que pensez-vous du sujet ?