Il restait une place à prendre dans l’écosystème des services aux assurés dans le cadre de la gestion d’un sinistre, et c’est chose faite avec le lancement de l’Insurtech Lyanne en 2021. Li Cai, sa co-fondatrice, nous a partagé son expérience d’entrepreneuse lors de la dernière édition des Rendez-Vous Parité Assurance avec une startuppeuse, le 9 février. Diplômée de l’ESCP Europe, Li démarre sa carrière en conseil en stratégie à Paris, avant de s’expatrier en Chine où elle travaille pour Carrefour, puis pour BNP Paribas. Déjà la volonté d’entreprendre la taraude puisqu’elle crée une société de conciergerie pour expatriés, qui n’a pas rencontré son marché, mais qui a constitué une première expérience. Rentrée à Paris il y a trois ans, la jeune femme de 34 ans réfléchit à quitter l’univers des grands groupes, où le processus de décision est par trop lent, pour monter sa propre entreprise, avec son amie et future associée Jeanne Depond. « L’assurance nous a paru être un bon secteur. Jeanne et moi avions fait l’expérience d’un sinistre mal géré, et nous avons pensé qu’il y avait une opportunité à défendre les consommateurs et rééquilibrer les rapports de force avec les assureurs. », explique Li. En parallèle de leur travail salarié, les deux jeunes femmes peaufinent leur projet pendant un an. Jeanne se forme aux métiers de l’assurance, et Li apprend le codage, afin de pouvoir lancer leur start-up très vite en ne comptant que sur elles-mêmes. Leur intégration dans trois incubateurs : Willa (entreprenariat au féminin), Platform58 (incubateur de fintech et assurtech) et 50 Partners (réseau d’entrepreneurs) a également servi d’accélérateur.
En février 2021, Lyanne voit le jour, avec pour première offre un diagnostic des contrats d’assurance. La société propose d’agréger l’ensemble des contrats, pour étudier les lacunes et doublons. Un outil gratuit de prévention, dont le modèle économique est le courtage. Mais très vite les deux jeunes femmes ont compris que c’est dans l’accompagnement personnalisé des assurés dans le cadre de sinistres mal gérés qu’elles allaient pouvoir apporter une véritable plus-value. Elles opèrent le pivot et planchent sur le sujet dès l’été 2021, pour lancement en novembre. Lyanne n’accepte que les dossiers pour lesquels la demande d’indemnisation est légitime. Le cas échéant, la société opère en tant que tiers de confiance, en effectuant les démarches auprès des département gestion de sinistres… ou des médiateurs. « Nous parlons le même langage que les assureurs, alors que les victimes d’un sinistre sont trop souvent dans l’émotion. Et en présentant un dossier bien argumenté aux gestionnaires, nous sommes en mesure de débloquer des situations rapidement », argumente Li. Lyanne se rémunére avec un success fee de 15% + 49 euros de frais de dossier.
Après une levée de fonds de 1,2 millions d’euros auprès de business angels et fonds d’investissement, Lyanne compte désormais une douzaine de salariés experts en leur domaine, et recrutés en direct sur LinkedIn : juristes en assurance, techs, marketing. La recherche de clients a démarré sur les réseaux sociaux, puis un grand coup de pouce a été donné par les médias (télévision et journaux grand public), séduits par le profil « Robin des Bois » de la startup. « Nous pallions des injustices. Quatre Français sur dix renoncent à des demandes d’indemnisation, ce qui est énorme ! », s’offusque Li. Et de narrer le cas dramatique d’une famille qui a dû vivre pendant deux ans dans une caravane, après la destruction de leur maison à la suite d’un incendie. En raison de la lenteur dans la gestion du dossier, et du fait que la clause de relogement incluse dans le contrat n’a pas été proposée par l’assureur…
L’ambition de Lyanne est de devenir le réflexe assurance des Français. La startup s’attaque désormais aux chiffrages, afin d’apporter davantage de transparence sur la façon dont sont déterminés les montants des indemnités, car « tout cela reste très opaque ». Transparence, confiance et indépendance, telle est la profession de foi de Lyanne, qui n’a pas fini de faire bouger l’écosystème de la gestion des sinistres.
Angela Clerdouet
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