Patricia Lacoste : "AssurOne n’est pas à vendre. Prévoir non plus !"
Dans un entretien accordé à News Assurances Pro, Patricia Lacoste, PDG du groupe Prévoir revient, entre autres, sur les rumeurs de vente d’AssurOne.
Quel est le business model de Prévoir ?
Le Groupe Prévoir a trois métiers : l’assurance de personnes, le courtage et l’asset management. L’assurance de personnes est notre métier historique. Elle représente une part importante de la contribution au résultat. Prévoir Asset Management a été créée au départ pour gérer les actifs de l’activité d’assurance de personnes. Elle est ensuite devenue une activité à part entière avec la commercialisation de fonds pour des institutionnels.
En 2019, nous avons entamé la diversification de nos canaux de distribution en investissant dans le courtage, d’abord avec AssurOne et Utwin, ensuite avec Réassurez-moi. Nous avons récemment pris une participation dans Stello. Le résultat consolidé du groupe (de l’ordre de 50M€), provient à 60% de l’assurance, 30% de la holding et 10% de l’asset management. Notre activité de courtage est équilibrée.
Utwin, acquis en 2019 avec le rachat d’AssurOne, est devenue une filiale à part entière de Prévoir, l’activité est-elle toujours aussi rentable ?
Utwin était une filiale d’AssurOne. Nous avons souhaité scinder les deux entités afin de les rendre autonomes et d'accélérer leur croissance. Utwin est rentable, c’est un courtier spécialisé en assurance emprunteur, qui travaille avec de nombreux assureurs, parmi lesquels Prévoir-Vie qui représente environ 30% de son activité.
Quel a été impact de la loi Lemoine ?
La loi Lemoine a été mise en place il y a moins d’un an, il est un peu tôt pour tirer des conclusions sur son impact. D’autant plus qu’on assiste depuis sa mise en place à la remontée brutale des taux qui a des conséquences directes sur le crédit immobilier et donc sur l’assurance emprunteur. Concernant la résiliation à tout moment, nous avons observé une augmentation du nombre de devis, ce qui laisse penser que les clients sont réellement prêts à comparer leur assurance emprunteur et à en changer le cas échéant.
Le groupe AssurOne est-il à vendre ?
AssurOne n’est pas à vendre et ne l’a jamais été, aucune banque d’affaires n’a d’ailleurs été missionnée. Notre stratégie est de développer le courtage et d’en faire une activité rentable. Plusieurs sociétés ont montré des marques d’intérêt, sans aucune proposition d’achat, cela témoigne de la pertinence d’AssurOne sur la place. Comme beaucoup de sociétés dont l’activité est en lien avec les constructeurs automobile, AssurOne a été impacté par la conjoncture difficile depuis la crise sanitaire. En 2022 son activité est en croissance.
Seriez-vous prête à vendre AssurOne ?
AssurOne n’est pas à vendre, comme aucune des sociétés du groupe Prévoir. Certaines entreprises ont jeté leur dévolu sur Prévoir mais en vain. Notre objectif est de développer chacune des entités du groupe, de maintenir leur rentabilité et leur pérennité sur le long terme, avec une volonté bien claire de rester un groupe familial indépendant.
En assurance vie, quel a été l’impact de la hausse des taux ?
Après plusieurs années de taux très bas, voire négatifs, qui ont affecté le rendement de nos actifs et les taux servis aux assurés, la hausse des taux est une bonne nouvelle à moyen terme. Nous voyons progressivement nos résultats financiers s’améliorer et nous rémunérons mieux les encours de nos clients. Ces derniers n’ont pas modifié leur comportement d’épargne et nous n’observons pas de rachats massifs sur notre portefeuille.
Quelles sont vos ambitions à l’international ?
Aujourd’hui, nous avons deux succursales au Portugal et en Pologne, et une filiale au Vietnam. Nous réalisons environ 10% de notre activité à l’international. Notre ambition est de développer notre activité dans les pays dans lesquels nous opérons déjà. Nous n’avons pas pour projet d’ouvrir d’autres pays bien que nous restons en veille d’opportunités. Nous avons fermé notre activité de micro-assurance au Cambodge car lorsque l’on pense que le business plan ne sera pas rentable, nous préférons nous retirer. Surtout, nous n’avions pas obtenu notre licence de full life.
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