Le modèle d’activité de bancassurance remis en cause en Europe par la crise

La scission de nombreux bancassureurs européens, durement frappés par la crise financière, pose la question de l’avenir de ce modèle d’activité, très en vogue ces dernières années.

Modèles de la bancassurance, qui consiste pour une banque a développer une offre d’assurance dans ses réseaux, le néerlandais ING, le belge KBC, l’espagnol Santander ou le britannique Royal Bank of Scotland (RBS) pourraient prochainement céder tout ou partie de leurs activités d’assurance.

Au printemps, la vente du belgo-néerlandais Fortis, autre champion de la bancassurance, à BNP Paribas s’est faite en pièces détachées, la banque française ne prenant que le contrôle de la partie bancaire. “Il reste peu d’acteurs de poids et nous pensons qu’il n’existe plus beaucoup d’incitations à créer de nouvelles combinaisons” entre banque et assurance, a récemment estimé une étude de l’agence de notation Standard and Poor’s.

“Ce n’est pas le modèle qui pose problème, ce sont les abus qui ont été commis”, tempère un analyste parisien.

Il souligne que les tracas d’ING, de Fortis ou de KBC ne sont pas liés à leur condition de bancassureur mais à leur prise de risque excessive en matière bancaire qui visait à compenser la taille modeste de leurs marchés domestiques. “Le modèle de bancassurance reste un modèle gagnant en termes de distribution”, affirme Cyril Gay Belan, associé au sein du cabinet Oliver Wyman.

“Le débat est davantage de savoir si les banques vont rester actionnaires à 100%” de leurs filiales d’assurance, considère Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet Facts and Figures.

ING, Fortis ou KBC avaient ainsi des filiales d’assurance totalement intégrées, contrairement à beaucoup de banques qui choisissent de n’être que distributeurs de produits d’assurance.

En France, les deux exemples d’intégration les plus probants sont le Crédit Agricole, deuxième assureur français et parmi les vingt premiers mondiaux, ainsi que le Crédit Mutuel, premier bancassureur français en dommage avec plus de 22 millions de contrats.

En assurance vie, “les problématiques sont très proches de celles de l’épargne, donc la convergence est naturelle”, explique un banquier français.

Mais en assurance de dommage, les synergies sont moins évidentes. “Aujourd’hui, une part importante et croissante de la valeur créée va au distributeur”, avance M. Gay Belan, pour justifier le choix de la seule distribution, qui permet également de ne pas supporter le risque inhérent aux contrats d’assurance.

Autre argument en faveur de la distribution simple plutôt que l’intégration, la modification née du dispositif réglementaire dit de Bâle II, qui rendra, pour une banque, d’ici 2012, le contrôle d’une compagnie d’assurance plus contraignant en matière de capitaux propres.

Des éléments qui vont sans doute susciter des “arbitrages” chez certaines banques, selon M. Gay Belan. Certains acteurs français pourraient ainsi se désengager de tout ou partie de leurs filiales d’assurance, selon M. Chartier-Kastler.

Mais qu’elle émane ou non de filiales intégrées, l’offre d’assurance dans les réseaux d’agences bancaires reste un moteur de croissance.

Déjà dominatrices en assurance vie en France, les banques gagnent régulièrement des parts de marché en assurance dommages dans de nombreux pays européens. Une croissance qui doit beaucoup aux opportunités de contacts avec les clients, qui sont six à sept fois plus nombreuses pour un banquier que pour un assureur, selon M. Gay Belan.

Paris, 18 nov 2009 (AFP)

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