Edito : Démêler le vrai du FO

lundi 11 juin 2018
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Jeudi 7 juin, j’avais rendez-vous pour une conférence de presse organisée par deux syndicats : FO et CGT Generali. C'est un événement finalement assez rare dans l'assurance.

Lorsque je pénètre dans la salle où se dresse la tribune des orateurs, je suis impressionné par le nombre de personnes présentes. Je pense au départ à une armée de mes confrères venue couvrir le sujet. Je me rends vite compte qu’il s’agit en fait de militants venus écouter leurs camarades déclamer « LEUR » vérité sur le dossier des accords sociaux au sein de Generali France.

Après plus d’une heure de harangue, je sors mitigé. L’expérience m'a appris à me méfier des discours, qu’ils émanent des syndicats ou des directions. D’autant plus que, dans le cas présent, depuis plusieurs semaines, tout et son contraire ont été dits sur le sujet.

Mais plus que la contestation d’un accord sur le temps de travail dans une entreprise, ce qui s'est joué sous mes yeux ce jour-là est le match retour sur les ordonnances Macron. Les syndicats semblent avoir abandonné la rue pour livrer bataille dans les open spaces, les salles de réunion ou les comités d'entreprise. Une partie à trois bandes avec les directions d’un côté et un syndicalisme divisé en deux lignes de l'autre.

La présence, ce 7 juin, à la tribune, de Sébastien Burisis, tout nouveau secrétaire général de la Fédération des employés et des cadres FO (FEC FO), n'est ainsi pas anodine. Le cas Generali France dépasse de loin les frontières de Saint-Denis pour prendre une dimension nationale. L'assureur se retrouve en première ligne de cette bataille feutrée, loin des cortèges classiques qui scandent leurs slogans entre République et Nation. Loin des regards de la presse dite généraliste. A défaut d'avoir réussi a faire reculer le gouvernement, il s'agit pour FO et CGT de modifier la loi par petite touche. « Il n'y a pas encore de jurisprudence sur les ordonnances Macron. C’est à nous de la modeler le plus possible dans notre sens par les recours en justice et devant les prud'hommes », nous confie un cégétiste.

Les discussions, les négociations et les bilatérales se multiplient donc entre délégués du personnel et DRH. Un jeu de dupes alimenté de part et d'autre par la menace, se met en place.

Les syndicats, eux, se regardent, se jaugent, avec comme arrière-pensée politique, es élections de 2019. Les uns veulent montrer qu'ils avancent. Les autres qu'ils se battent. A chacun sa voie pour faire émerger une ligne suffisamment claire aux salariés bientôt appelés aux urnes. Alors on tracte, on se laisse aller à quelques sous-entendus sur les camarades des autres centrales. Bref on se positionne. Parce que dans la vie syndicale d'entreprise, les combats et/ou les négociations font les programmes. LA vérité de cette conférence était peut-être aussi là.

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