Chronique : Assureurs sud-américains et reprise économique

Une vue de Rio de Janeiro au Brésil
Le Christ Rédempteur surplombe Rio de Janeiro au Brésil.

L’une des dernières régions touchées par la pandémie, l’Amérique latine sera probablement l’une des dernières régions à se remettre de son impact économique et à retrouver des niveaux de PIB de fin 2019.

Les mesures de relance budgétaire ont varié considérablement à travers la région : de 12% du PIB au Brésil à 1% du PIB au Mexique. Pour certains pays, la fin des mesures de relance budgétaire et la fragilité de la demande intérieure constituent des obstacles supplémentaires à la reprise économique.

Concernant le secteur assurantiel, S&P Global Ratings prévoit quelques obstacles sur la voie de la reprise. En plus de la mauvaise conjoncture économique, les perspectives de croissance et la performance opérationnelle des assureurs ont été grevées par les conséquences de la pandémie sur le marché du travail, les revenus des ménages (retardant la croissance liée à la consommation) et les activités commerciales. En 2020, la faible dynamique des investissements a également nuit aux perspectives commerciales des assureurs. Cependant, les bilans généralement solides des assureurs, leurs bonnes politiques de souscription, leurs politiques d’investissement prudentes ainsi que des fonds propres et des liquidités solides en ont atténué l’impact. En effet, les assureurs de la région jouissent d’une longue réputation de résilience, même pendant les crises économiques.

Nous prévoyons une reprise économique lente dans la région en 2021 et 2022 et une reprise limitée du secteur automobile (en 2023) avec une croissance lente des primes d’assurance en 2021 et 2022. De même, les produits d’assurance bancaire seront limités par une expansion modérée du crédit dans la région, tandis que la faible dynamique des investissements freinera l’assurance responsabilité civile.

La forte concurrence dans le secteur de l’assurance, l’augmentation des sinistres (en nombre et en coûts) et les taux d’intérêt toujours bas continueront de peser sur la rentabilité des assureurs notés cette année. Les compagnies d’assurance les mieux positionnées pour amortir l’impact sur leurs résultats techniques et revenir à une rentabilité historique sont selon nous celles dotées d’importantes parts de marché, d’activités plus largement diversifiées et de flexibilité pour contenir leurs coûts d’acquisition et leurs dépenses d’exploitation (reflétant un long historique d’investissement dans la technologie pour s’adapter à l’ère numérique et prévenir les risques croissants de cybersécurité). D’autant que l’accès relativement faible à l’assurance joue en leurs faveur.

Outre les défis à venir pour les résultats techniques, la faiblesse des taux d’intérêt nuit également aux résultats financiers des assureurs (vie notamment). La volatilité potentielle des marchés financiers – reflétant l’incertitude sur l’évolution de la pandémie et ses effets économiques – pourrait également affecter négativement les assureurs.

Toutefois, le secteur de l’assurance maladie et accident pourrait stimuler la croissance si les assureurs sont en mesure de tirer parti de la prise de conscience croissante de la nécessité d’une couverture assurantielle suscitée par la pandémie de la COVID-19. En outre, l’augmentation des coûts médicaux stimulera probablement la croissance des primes pour l’assurance médicale.

Olivier Karusisi
Directeur délégué

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