Benoît Pastorelli (Continuity) : “Avec la data, nous aidons les assureurs IARD dans le suivi de leurs portefeuilles”

Benoît Pastorelli est cofondateur et CEO de Continuity

INTERVIEW – Pour News Assurances Pro, Benoit Pastorelli, cofondateur et CEO de Continuity, fait le point sur l’activité et les ambitions de l’assurtech. De l’utilisation de la data à la recherche de nouveaux clients, le dirigeant revient également sur les nouveaux segments de marchés qu’il souhaite explorer.

Pouvez-vous nous présenter Continuity ?

En 2019, nous sommes partis du constat que de plus en plus de datas étaient disponibles sur le marché et qu’en parallèle les assureurs avaient un déficit de connaissance et de suivi de leurs clients pros et entreprises.

Avec une durée moyenne de 7 à 8 ans en portefeuille, un contrat va évoluer dans le temps. Si bien qu’au bout de cette période, près de 15% des contrats ne correspondent plus à la réalité des risques du client. Cela pose donc des problèmes sur les niveaux d’indemnisation avec in fine un impact sur la fidélisation et la satisfaction des clients.

Nous sommes donc allés voir les assureurs pour voir si nous pouvions les aider à détecter les contrats qui ne sont pas à jour dans leurs portefeuilles. Et surprise, nous en avons trouvé plein !

Comment aidez-vous concrètement ces assureurs ?

Continuity s’est lancé le défi de constituer une base des entreprises et des bâtiments la plus exhaustive possible sur les critères de risque qui intéressent les assureurs (activité risquée ou ayant évoluée, localisation dans un zone à risque, état du bâtiment, situation administrative et financière, etc).

L’idée est ensuite de pouvoir mettre à disposition des compagnies cette base de données dans des interfaces métiers pour aider les souscripteurs dans le suivi de portefeuille ou la souscription d’une affaire nouvelle

Aujourd’hui, les assureurs font cette collecte d’informations manuellement mais cela leur prend beaucoup de temps. Nous leur proposons donc une interface qui vient agréger et enrichir l’ensemble des données dont ils ont besoin à propos d’une entreprise ou d’un client professionnel. Nous augmentons leur connaissance du risque pour les aider à être le plus juste possible dans la proposition de couverture qu’ils vont faire à l’assuré, et cela tout au long de leur contrat.

Les porteurs de risques ne font-ils pas déjà ce travail en interne ?

Nous sommes aujourd’hui dans un contexte où les assureurs doivent d’un côté renforcer la maîtrise de leurs risques et de l’autre proposer à leurs partenaires distributeurs davantage de réactivité dans la souscription avec des délégations plus étendues. Ma conviction est que pour résoudre cette équation, la technologie est une partie importante de la solution pour accompagner au mieux les souscripteurs dans leur prise de décision

Il est vrai que notre concurrent c’est le « fait en interne », mais l’automatisation des tâches de recherche que nous proposons permet de libérer tout de suite du temps à la prise de décision. Cela va surtout permettre aux compagnies d’apporter un meilleur conseil en termes de garanties et de prévention à leurs clients.

Sur quels types de datas vous appuyez-vous et où récupérez-vous toutes vos données

Nous agrégeons aujourd’hui une soixantaine de sources différentes au sein d’une interface simple et requêtable. Nous récupérons de la data administrative (Infogreffe, comptes de sociétés, etc) ainsi que des informations relatives à la localisation (zoniers, parcelles cadastrales, etc). L’idée est de pouvoir d’une part détecter l’évolution de CA ou d’effectifs, et d’autre part si des immeubles sont en arrêtés de périls, en état d’insalubrité ou à proximité de zones Seveso par exemple.

Pour améliorer encore le pourcentage de confiance dans nos datas, nous avons également construit nos propres bases de données. C’est notamment le cas sur la détection de bâtiments industriels avec des panneaux photovoltaïques sur les toits, en faisant tourner des algorithmes sur les images aériennes de l’IGN ou d’autres fournisseurs.

Sur quelle data vous appuyez-vous chez les porteurs de risques ? Sont-ils rétifs à la partager ?

Nous avons seulement besoin de leur base clients. On ne touche ni à la donnée sinistre, ni aux tarifs et l’on déploie un environnement sécurisé, sans mise en commun de leurs données, ni apprentissage des algorithmes.

Cette notion de confiance et de responsabilité est essentielle. Notre solution n’implique ni intégration, ni développement IT et permet in fine, de manière très simple et très rapide d’aider les souscripteurs dans leur quotidien, en leur faisant gagner un temps précieux et en les aidant indirectement à améliorer la qualité du service client

Quels sont perspectives de développement de Continuity ?

Notre dernière levée de fonds en 2021 nous a permis de passer de 5 à 30 personnes et de développer notre modèle. Notre positionnement d’entreprise tech / SAAS est aujourd’hui favorisé par les investisseurs qui se soucient de rentabilité à terme après de forts investissements au démarrage. Nous sommes un partenaire technologique, pas un néocourtier ou un néoassureur.

Nous avons l’ambition de relever des fonds pour accompagner la progression de l’entreprise et nous développer notamment sur les grands risques. En effet, nous sommes de plus en plus sollicités sur les PME et ETI car de nombreux souscripteurs connaissent encore mal leurs expositions et cherchent à fiabiliser des sites secondaires en risques industriels.

Nous souhaitons également faire évoluer nos outils sur des multisites ou des parcs d’immeubles et enfin, sur le bas de segment, nous voulons développer notre outil en mode API sur les parcours de délégation.

Nous étudions également la possibilité de nous développer dans d’autres pays où ces problématiques sont les mêmes. Nous cherchons évidement toujours à recruter des data scientists, des data engineers, ou encore des développeurs front et back office. Enfin, nous avons aussi de vrais enjeux de développement de notre équipe commerciale et de suivi clients.

Que pensez-vous du sujet ?