Risque financier : Les assureurs face à la baisse du taux de rendement de l'actif
Dans son dernier rapport sur l'évaluation des risques financiers, la Banque de France consacre un chapitre au secteur de l'assurance. Si le risque pour la stabilité financière est faible en non-vie, l'autorité s'interroge sur la stratégie d'investissement à venir pour des assureurs qui font face à une baisse tendancielle du rendement de leurs actifs.
L'assurance non-vie en France ne représente pas un risque pour la stabilité financière selon la Banque de France. Dans son dernier rapport sur l'évaluation des risques financiers, le gendarme du secteur indique en effet que « les ratios de solvabilité indiquent que les exigences en capital restent largement couvertes en assurance non-vie ». Au deuxième trimestre, le taux de couverture des assureurs non-vie atteignait ainsi 265%, dont une proportion élevée de fonds propres de niveau 1 (97%).
Le régulateur note par ailleurs que la croissance du chiffre d'affaires est constante (aux alentours de 2%) et que le ratio combiné revient au niveau qu'il avait connu avant la vague de catastrophes naturelles survenues en 2017.
La Banque de France se montre en revanche moins affirmative sur le niveau de risque des assureurs vie. Certes, elle note que le ratio de solvabilité demeure à un niveau élevé, à 218% en moyenne. Après plusieurs mois de baisse, les primes d'assurance vie sont par ailleurs à nouveau à la hausse en 2018. Mais elle constate également que le résultat des assureurs vie est essentiellement généré par les produits financiers. « Or, malgré la réalisation de plus-values, ces derniers diminuent car les revenus récurrents des assureurs, principalement tirés des obligations, sont affectés à la baisse par le niveau actuel des taux », souligne le régulateur. Entre 2013 et 2017, le taux moyen de rendement de l'actif est ainsi passé de 3,5% à 2,9%. Une baisse principalement imputable à la baisse des revenus provenant des placements obligataires.
Dans le cas d'un réinvestissement dans des obligations à taux 0%, et d'une collecte nulle sur les supports en euros, orientation prise par le secteur, la baisse du taux de rendement de l'actif pourrait continuer de baisser de l'ordre de 20 points de base, selon les projections de la Banque de France. Par ailleurs, les plus-values latentes qui permettent d'amortir cette baisse, diminuent progressivement et pourraient être largement entamées en cas de remontées des taux.
Deux scénarios qui incitent la Banque de France à penser que les assureurs vie pourraient rechercher plus de rendement et se porter sur des placements plus risqués, que ce soit en obligations ou sur d'autres actifs. Pour l'heure, le secteur est encore loin de la bascule avec une exposition portée à 63% sur la France contre 0,1% pour le Brésil, la Russie ou encore la Chine. « Malgré cette apparente stabilité observée à chaque clôture d’exercice, la vigilance reste de mise. En effet, certains assureurs pourraient être tentés de réaliser des placements à court terme pour augmenter leurs revenus financiers, faisant peser sur eux un risque accru de défaut ou de liquidité en cas de grandes tensions sur les marchés », conclut la Banque de France.
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