Assurance maritime : Les incendies alourdissent la facture

Les incendies sont aujourd’hui la cause la plus coûteuse de sinistres dans le transport maritime.
Les incendies sont aujourd’hui la cause la plus coûteuse de sinistres dans le transport maritime.

Selon un rapport d’AGCS*, les incendies sont aujourd’hui la cause la plus coûteuse de sinistre dans le transport maritime.

Allianz Global Corporate & Specialty (AGCS) fait l’inventaire des sinistres maritimes les plus coûteux. Dans son rapport, l’entité spécialisée dans la couverture des grands risques industriels révèle que les incendies figurent au premier rang du classement, devant les naufrages et les collisions. Au 31 décembre 2021, ils ont représenté 18% du montant total des indemnisations (environ 1,65Md d’euros), soit 5 points de plus que la moyenne enregistrée sur les cinq dernières années. Parmi les causes, sont citées les irrégularités de déclaration ou la non-déclaration de marchandises dangereuses, un manque de compétences de l’équipage sur les technologies modernes, ou encore les batteries lithium-ion, génératrices de « feux violents et difficiles à éteindre », souligne l’assureur.

Les feux, les collisions et les naufrages sont également très onéreux. Et l’inflation, qui atteint près de 10% dans de nombreux pays, n’arrange pas les affaires des assureurs. La hausse des prix influe en effet fortement sur les coûts des sinistres.

Les dommages aux marchandises, survenus notamment lors de la manutention et du stockage, sont la première cause de sinistres maritimes en fréquence et la troisième cause en montant d’indemnisation sur les cinq dernières années, révèle par ailleurs l’analyse d’AGCS.

Perturbations des chaînes d’approvisionnement

Catastrophes naturelles, cyber-attaques, Covid-19… Ces dernières années, le transport maritime a également été confronté à des problèmes sur les chaînes d’approvisionnement. « Les événements survenus au cours de l’année écoulée ont montré la fragilité et l’interdépendance des chaînes d’approvisionnement, ainsi que le rôle essentiel du transport maritime. Il est fondamental que les entreprises connaissent leurs cumuls et envisagent les moyens de réduire leur exposition aux événements majeurs », alerte Rahul Khanna, directeur mondial du conseil en risques maritimes chez AGCS.

Last but not least, les catastrophes naturelles sont la cinquième cause de sinistres maritimes. Mais le réchauffement climatique risque de changer la donne. En 2022, la sécheresse qui a frappé l’Europe l’été dernier a de nouveau perturbé le trafic sur le Rhin, empêchant la circulation à pleine charge de nombreux navires sur cette route fluviale européenne essentielle. Aux Etats-Unis, de nombreuses barges se sont par ailleurs échouées dans le cours inférieur du Mississippi. Des répercussions d’importance alors que le transport fluvial représente l’un des moyens les plus rentables d’acheminer les produits de base à l’instar des céréales.

De ce fait, l’Organisation maritime internationale (OMI) s’emploie à réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre de la flotte mondiale d’ici 2030, et d’au moins 50% d’ici 2050. Pour ce faire, le secteur devra mettre au point des modes de propulsion et des conceptions de navires plus durables. Un des principaux facteurs de risque dans cette transition sera l’adoption de carburants alternatifs, comme le gaz naturel liquéfié, l’hydrogène vert et le méthanol, ainsi que les navires à propulsion éolienne ou électrique.

Nouveaux scénarios de sinistres

Or, le passage à des sources d’énergies plus propres donne déjà lieu à de nouveaux scénarios de sinistres. Prenons l’exemple de Julieta D. Fin janvier, le vraquier, dont l’ancre avait cédé sous l’effet de la tempête, a heurté une fondation d’éolienne et une station de transformation dans un parc éolien néerlandais, après avoir percuté le chimiquier Pechora Star.

Alors qu’il est prévu d’installer 2.500 éoliennes en mer du Nord d’ici 2030, le risque de collision entre un navire et une éolienne se situerait entre 1,5 et 2,5 fois par an, selon le Maritime Research Institute Netherlands.

*Le rapport a été réalisé sur plus de 240.000 demandes d’indemnisation sur les cinq dernières années. Ce qui représente un montant de 9,2Mds d’euros.
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