ACPR : L’assurance vie, robuste à toute épreuve
Selon le bilan annuel de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (APCR), l’assurance vie a su démontrer sa robustesse face à un environnement de taux très fluctuant.
Ce n’est pas un scoop, 2023 a marqué une « relative désaffection des épargnants pour l’assurance vie ». Jean-Paul Faugère, vice-président de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) a reconnu une année atypique pour le placement vedette des Français en marge de la conférence annuelle organisée par le superviseur.
L’an passé, l’ensemble du secteur des assurances a vu sa rentabilité technique pénalisée par l’inflation (branche non-vie) et par la hausse des taux d’intérêt, générant davantage de sorties que d’entrées sur les contrats d’assurance vie.
Dans le détail, sur les quatre premiers mois de l’année écoulée, les rachats ont progressé de 25% marqués par une réallocation de l’épargne en particulier patrimoniale. Sur l’ensemble de l’année, la hausse représente 10% « ce qui n’est pas tout à fait anormal », a constaté François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France.
Des fondamentaux solides
L’optimisme régnait déjà en octobre dernier en marge de la présentation des chiffres 2022 de l’assurance et de la banque. « Les rachats continuent d’être élevés au premier semestre 2023 mais, à ce stade, ce n’est pas une source d’inquiétude », avait déclaré Nathalie Aufauvre, secrétaire générale.
Malgré ce contexte, les banques et les assurances françaises ont réussi à préserver des fondamentaux solides. Le ratio de couverture SCR des assureurs s’est établi à 250% soit trois points de plus qu’en 2022. Les organismes ont conservé une structure de bilan solide qui a contribué à leur résilience dans cet environnement, comme en témoigne le ratio de solvabilité moyen en légère progression en 2023.
Des effets différents
Concernant l’inflation, elle n’a pas eu les mêmes effets sur les différentes branches d’activités de la profession. Les assurances dommages, parfois déjà touchées par une hausse de la sinistralité, notamment du fait des aléas climatiques, sont plus exposées à l'inflation. Selon une enquête réalisée par l’ACPR sur la prise en compte de l’inflation dans la modélisation des engagements des assureurs non-vie, la gestion des entreprises d’assurance et le processus de calcul des provisions doit reposer sur une vision prospective des risques du secteur, qu’ils soient la conséquence d’évolutions macroéconomiques, ou de hausse des coûts des sinistres.
En assurance vie, malgré les rachats massifs constatés sur une partie de l’année au profit d’autres placements parmi lesquels figure l’immobilier, « le secteur a su démontrer sa robustesse dans un environnement de taux très évolutifs grâce notamment au comportement des assureurs qui ont su doter la provision pour participation aux bénéfices (PPB) quand il le fallait pour permettre une revalorisation sensible de la rémunération du fonds en euro », a ajouté le président du superviseur.
Une perspective moyen-long terme
L’assurance vie, qui doit, selon Jean-Paul Faugère, être envisagée dans une perspective de moyen ou long terme, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « La revalorisation des rendements servis pour 2023 a d’ailleurs permis de redresser nettement la collecte nette depuis le début de l’année 2024 », a rappelé Jean-Paul Faugère. Sur les quatre premiers mois de l’année, elle s’élève à 12,6Mds d’euros, contre 4Mds d’euros un an plus tôt, selon les derniers chiffres livrés par France Assureurs. Comme le présagent les experts du Swiss Re Institute, l’assurance vie n’a pas dit son dernier mot.
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