Solvabilité II : Les assureurs britanniques en attente de la revue par le Trésor

Eugenio Manzoli, analyste crédit chez S&P Global Ratings.
Eugenio Manzoli, analyste crédit chez S&P Global Ratings.

[CHRONIQUE]Alors que la période de transition du Royaume-Uni pour sortir de l’UE a touché sa fin, le gouvernement britannique a lancé une révision de Solvabilité II, le cadre réglementaire commun pour les assureurs opérant dans l’Espace Economique Européen, entré en vigueur en 2016.

En moyenne, les ratios Solvabilité II des assureurs britanniques sont inférieurs à ceux de leurs homologues européens, ce qui reflète en partie les caractéristiques propres au secteur britannique de l’assurance-vie – comme l’utilisation d’un last liquid point à 50 ans contre 20 ans dans d’autres pays de l’EEE -, ce qui suggère qu’il pourrait y avoir une marge d’ajustement du régime réglementaire.

Compte tenu des antécédents de la Prudential Regulatory Authority (PRA) en matière de surveillance et d’intervention, mais aussi de la sophistication de la réglementation britannique en matière de solvabilité, nous n’ attendons pas à un affaiblissement des normes dans le contexte de la révision actuelle. Néanmoins, si la revue conduit à des écarts quantitatifs importants par rapport à Solvabilité II et que l’équivalence n’est pas atteinte, il pourrait en résulter des besoins en capital différents et des exigences supplémentaires pour les activités européennes des assureurs britanniques. Cela pourrait entraver leur compétitivité dans l’UE.

S&P Global Ratings utilisant son propre modèle de capital, les changements dans le calcul du ratio de solvabilité réglementaire n’ont pas d’impact direct sur notre évaluation de l’adéquation des fonds propres d’un assureur. Toutefois, nous ne pouvons pas exclure que les changements réglementaires entraînent des infléchissements inattendus affectant la solvabilité et donc soient susceptibles d’avoir des conséquences indirectes sur notre évaluation. Par exemple, si les exigences réglementaires en matière de capital devenaient moins strictes, les sociétés d’assurance pourraient être tentées d’utiliser l’excédent de capital en versant des dividendes supplémentaires, en effectuant des acquisitions ou en augmentant le risque de leurs portefeuilles d’investissements. Ce type d’actions influencerait notre modèle de capital et potentiellement notre analyse de la liquidité.

Cela dit, nous ne pensons pas que la revue du Trésor modifiera sensiblement notre vue du marché britannique de l’assurance ou de la solvabilité de ses acteurs. En outre, le processus sera long et les changements ne seront pas immédiatement mis en œuvre. Nous suivrons de près l’évolution de la révision et la manière dont les écarts par rapport à Solvabilité II pourraient indirectement affecter les notations de solidité financière des assureurs basés au Royaume-Uni.

Eugenio Manzoli
Analyste crédit, S&P Global Ratings

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