Solvabilité II : EIOPA propose des ratios moins pénalisants, mais…

Le siège de l'Eiopa à Francfort
Le siège de l'Eiopa à Francfort.

L’EIOPA (European Insurance and Occupational Pensions Authority), en décembre 2020, a publié une série de nouvelles propositions au sujet de Solvabilité II.

Selon ces propositions, les ratios de solvabilité seraient plus sensibles à la conjoncture macroéconomique et reflèteraient mieux les risques sous-jacents auxquels les assureurs sont exposés. Selon nous, ces nouvelles propositions pénaliseraient moins les assureurs européens que celles publiées en octobre 2019. En effet, elles offrent une flexibilité supplémentaire en ce qui concerne le risk margin et la Volatility Adjustment mais aussi les capitaux nécessaires pour couvrir les risques spécifiques aux actions.

Bien que l’impact potentiel de ces propositions soit moins négatif pour l’ensemble des assureurs européens, certains seraient plus affectés que d’autres. Les plus pénalisés seraient les assureurs vie utilisant la formule standard de Solvabilité II. En effet, l’ajustement au niveau des taux négatifs sera plus important sous le modèle standard, les assureurs utilisant leur propre modèle ayant normalement déjà réalisé cet ajustement. A long-terme, si les assureurs vie sous modèle standard ne réduisent pas leur sensibilité aux taux ou n’adoptent pas un modèle interne pour calculer leur ratio de Solvabilité II, leur notation pourrait être mises sous pression par leur handicap relatif face à leurs concurrents utilisant un modèle interne.

Modèle S&P et risque financier

Précisons par ailleurs que ces nouvelles propositions permettent de catégoriser les actions à long terme comme des investissements pour lesquels le niveau de fonds propres requis en contrepartie du risque est moins important. Si les assureurs européens adoptent cette formule, l’écart pourrait se creuser entre le ratio de solvabilité II celui calculé par S&P. Le niveau de solvabilité déterminé par notre modèle pourrait également diminuer s’ils en profitaient pour augmenter leur part d’investissement en actions. Ceci pourrait altérer notre vision de leur profil de risque financier. Cependant, nous ne pensons pas que cette flexibilité accrue conduirait les assureurs à augmenter leurs investissements en action.

Finalement, rappelons que ces propositions doivent encore être discutées et approuvées par la Commission Européenne, le Parlement Européen et les régulateurs nationaux, un processus qui s’étalera jusque fin 2023 ou début 2024 et pourrait conduire à de nouveaux assouplissements. Aussi, nous n’anticipons pas d’impact sur la notation des assureurs européens d’ici là.

Taos Fudji, Directeur, S&P Global Ratings

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