Sens et valeurs des métiers de l’expertise dans un monde en mouvement
A l’heure où nous vivons une sinistralité en dommage à la hausse, à la fois en fréquence et en intensité, il est urgent de se poser la question de la place de l’expertise dans la chaîne opérationnelle de l’assurance, et celle de sa valeur ajoutée. Régler les sinistres à leur juste mesure passe par des réseaux d’experts aguerris, présents sur le terrain, et agiles !
La manière dont l’assurance abordait la gestion des sinistres a changé : quand un assureur de premier plan délocalise ses équipes hors de France, tandis que d’autres acteurs font le choix d’externaliser cette activité, les lignes bougent pour s’adapter à leur (relatif) désengagement.
Sedgwick avait anticipé cette évolution possible au sein de la chaîne de valeur globale de l’assurance, et fait le pari de la gestion pour compte de tiers, au moment où elle n’avait pas le vent en poupe. Et plus globalement, notre profession doit affronter une transformation profonde et rapide de son modèle. Les experts sont au cœur de ces évolutions, et en constituent un rouage essentiel.
Régler des sinistres se complique, sous l’effet de plusieurs facteurs. Tout d’abord, ne nous cachons pas que le cadre de conformité tend à se complexifier, ce qui ajoute en permanence des éléments supplémentaires à la somme de connaissances que les experts doivent maîtriser. Les difficultés d’approvisionnement et l’inflation du prix des matières premières et des matériaux entraînent des délais supplémentaires pour finaliser les dossiers, tandis que la pression sur les délais de règlement s’accroit. Les assurés deviennent, eux, plus impatients et exigeants. Enfin, les sinistres sont aujourd’hui plus sévères, et affectent parfois des zones géographiques nouvelles : nous n’avions pas de phénomènes de tornade en France jusqu’à ces dernières années. Nous devons désormais intégrer que la Bretagne, le Nord, … peuvent être terres de sécheresse et d’incendies de grande ampleur. Charge à nous de dimensionner notre réseau en conséquence, et de former nos experts à ces risques parfois nouveaux pour eux !
Dans cette période où les repères se brouillent, l’expert est l’acteur de terrain le plus qualifié pour rester pragmatique et ingénieux, en favorisant le ré-emploi et la réparation en nature chaque fois que cela est possible. Le recours encore confidentiel à des plateformes de matériaux de seconde main devrait croître dans les conditions de marché que nous subissons aujourd’hui. Pour cela, l’expert doit continuer à accroître son bagage de compétences techniques et assurantielles, et mobiliser un réseau élargi d’intervenants pour trouver des solutions de réparation adaptées à chaque dossier. Nos experts s’appuient sur un carnet d’adresses de plus en plus diversifié et étoffé.
Si les experts peuvent proposer des solutions innovantes dans cette période de pénuries et d’inflation, je pense que nous pouvons aller plus loin dans nos réflexions, pour transformer un sinistre en opportunité d’améliorer le bâtiment. Mais ce changement de philosophie, qui modifie les bases du principe indemnitaire, ne peut se faire qu’avec l’engagement de tous les acteurs du marché et un cadre législatif adapté. La valeur ajoutée des experts prend tout son sens dans ce contexte.
Par Carol Etchebarne Directrice Générale Sedgwick
À voir aussi
Cercle LAB : Retour sur la 1ère réunion du cercle Dommages
Organiser vos projets pour favoriser l’innovation : placez l’AMOA au cœur du dispositif
Carnet du Cercle LAB #35 – DORA ou la Résilience du secteur financier et assurantiel
Cercle LAB : Retour sur la 1re réunion du cercle RSE (saison 2024-2025)