Réforme de l’assurance des récoltes : Les assureurs doivent être au rendez-vous de la souveraineté alimentaire !
La réforme de l’assurance des récoltes a été construite autour d’un partenariat public-privé associant l’Etat, les assureurs, les réassureurs et les agriculteurs. L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit de renforcer la résilience de notre agriculture face au changement climatique. La loi officialisant cette réforme, promulguée au Journal officiel le 3 mars dernier, appelle ainsi chacun à faire preuve de responsabilité.
L’Etat tout d’abord, qui possède la puissance financière que les assureurs n’auront jamais, et qui va mobiliser la solidarité nationale lors des événements climatiques les plus intenses, pour les niveaux de perte les plus élevés. L’assurance sera alors réservée aux pertes de récolte intermédiaires. Cette « garantie publique » assurera la pérennité du nouveau dispositif.
Les assureurs ensuite, qui ont l’expertise de terrain et la connaissance des clients, et qui devront proposer à chaque exploitation agricole un contrat multirisque climatique à des conditions raisonnables. Pour ce faire, la mutualisation de leurs risques est une condition sine qua none. Elle permettra de déterminer, au plus juste, les primes techniques applicables aux différentes cultures. Un groupement de coréassurance est à cet effet en cours de construction. La France s’inspire ici du modèle espagnol en place depuis 40 ans.
Enfin les agriculteurs, qui, sur la base des résultats techniques du futur groupement de coréassurance, pourront être conduits à mettre en œuvre des démarches d’adaptation aux impacts du changement climatique, telles que la prévention ou l’évolution des pratiques agricoles.
Dans ce contexte où chaque acteur est mobilisé, le rôle des assureurs, et par voie de conséquence des réassureurs, est central. Le principe d’universalité de la réforme repose pleinement sur notre capacité à jouer collectif. Leader actuel du marché, Groupama mettra par exemple à disposition du groupement de coréassurance 15 ans de données. Les nouveaux entrants pourront alors bénéficier sans délai de cette expertise. Ainsi, le groupement, tout en pérennisant l’offre assurantielle, favorisera la concurrence.
Cette réforme est clairement à la hauteur des défis auxquels nous sommes confrontés. Bien sûr, des équilibres traditionnels vont être déplacés. Il y aura sans doute des interrogations et des hésitations. Mais l’objectif est clair, c’est celui de notre souveraineté alimentaire dont les événements récents ont montré à quel point elle était stratégique. Alors, au 1er janvier 2023, soyons au rendez-vous de cet enjeu national !
Jean-Yves Dagès, président de Groupama.À voir aussi
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