Reflexions d’été

Pour beaucoup, ce sont bientôt enfin les vacances, sans doute en France, en famille, et l’occasion de rencontres avec des amis. Cet été 2020 serait donc comme les précédents, fait de moments d’évasion, de bonheur et sans soucis pour la rentrée ?

Je souhaiterais qu’il en soit ainsi pour tous les membres du Cercle LAB, mais je crains que beaucoup parmi vous ne parviennent pas à s’arracher à une réflexion sur les conséquences, pour les secteurs de la Banque et de l’Assurance, de la crise.

Pour le seul premier trimestre 2020, selon l’ACPR :

  • Les quatre premiers groupes bancaires français ont vu la charge du risque augmenté de 130 % et leur résultat net a baissé de 50 %,
  • Les assureurs français ont vu pendant la même période une baisse de leur ratio de solvabilité de l’ordre de 20 à 30 points.
  • Les ménages ne cessent d’accumuler une épargne disponible sur leurs comptes courants et leurs dépôts rémunérés pour l’essentiel le livret A. En deux mois, mars et avril les flux nets sur les dépôts à vue se seront élevés à 27,67 milliards et à 17,3 milliards sur les dépôts rémunérés.

Nos deux secteurs ne peuvent pas échapper à une cure d’amaigrissement et à la différence de nombreux autres secteurs fragilisés de l’économie française, l’Etat n’étudiera pas pour eux un fonds de recapitalisation ; l’ACPR plaide de son côté pour des fusions transfrontalières entre institutions financières européennes.

Dans le secteur de l’Assurance en France, l’Assurance-Vie, plus particulièrement, est dans une situation très préoccupante.

Elle croyait et espérait avoir enfin trouvé, avec le nouveau Plan d’Epargne Retraite (PER), son salut. Hélas quel que soient ses réelles qualités de flexibilité, le PER est un “produit tunnel” ou l’épargne est bloquée jusqu’à la retraite, et nous l’avons vu les français privilégient plus que jamais la liquidité.

Le seul produit d’Assurance-Vie liquide est  le contrat sur fonds euros que les assureurs-vie français ont dit avec raison  ne plus vouloir commercialiser (taux de l’OAT à 10 ans : – 0,0116 %).

Ils peineront à placer des contrats en unités de compte alors que leurs assurés qui se sont laissés convaincre d’en souscrire en 2019 ont perdu aujourd’hui entre 15 et 25% de leur épargne.

Or l’Assurance-Vie, c’était 60 % du chiffre d’affaires de l’Assurance Française en 2019 et c’était 60 % de son résultat net en 2019.

Alors, passons quand même de bonnes vacances, …mais soyons conscients que le monde change encore une fois, comme les paradigmes qui nous guidaient, et que la réflexion de la rentrée devra être structurelle, voire révolutionnaire !

 

Patrice Michel Langlumé
Directeur Pédagogique de l’Ecole Supérieure d’Assurance

 

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