Quels sont les impacts des événements macroéconomiques sur l’activité ?

Nous traversons une période extraordinaire au sens étymologique, c’est-à-dire une série d’événements hors du commun. Simultanément et depuis le début de la décennie 2020, nous subissons concrètement les effets du changement climatique, nous affrontons les conséquences d’une pandémie d’une ampleur inédite depuis la grippe espagnole du siècle dernier et une guerre à haute intensité en Europe qui fragilise nos économies. Nous sommes ainsi confrontés à une conjonction de risques qui s’alimentent pour devenir un système, dans un environnement de taux très bas ou très volatiles. Dit autrement, les risques auxquels notre pays est exposé – et que les assureurs s’engagent à couvrir – ont changé d’échelle, ils sont plus intenses et plus fréquents. Malgré ces risques majeurs pour l’Europe et la France que nous analyserons en détail, l’assurance-vie, épargne préférée des Français, se transforme et se diversifie au service des entreprises, de l’économie réelle et des transitions sociale et climatique.

Un système de risques

Le principal risque structurel auquel nous sommes confrontés est le risque climatique. L’été 2022 que nous avons connu en France avec les incendies, les températures caniculaires, les phénomènes de grêle et de grande sécheresse a fait prendre conscience au plus grand nombre de l’urgence dans laquelle nous nous trouvons. Le réchauffement climatique s’est ainsi matérialisé au-delà des discours et des engagements pris lors des différentes COP (21 à Paris et 26 à Glasgow). Les assureurs sont au premier rang pour mesurer et prendre leur part en la matière. En effet, nous indemnisons les dommages liés aux aléas naturels et nous constatons une augmentation constante de leur intensité et de leur fréquence. Ainsi depuis 2000, notre pays a connu déjà 6 années de sécheresse extrême (2003, 2011, 2017, 2018, 2020,  2022) avec une accélération préoccupante ces six dernières années. Dans ce contexte historique, la « grande canicule » de 2003 avec le choc de  surmortalité des seniors (+ de 15.000  cas en France), est rétroactivement un évènement certes majeur mais d’ampleur bien inférieure à celle observée en 2011 et 2022.

A ces impacts qui structurellement menacent l’équilibre du régime des catastrophes naturelles (régime des CatNat), il convient d’ajouter bien sûr les impacts de tous ordres sur les nombreux assurés sinistrés comme les habitants de maisons individuelles de plus en plus sujettes au phénomène de « retrait-gonflement des argiles » (RGA) qui créé des dommages irrémédiables sur la structure même du bâtiment. Ces impacts cumulés font de ce phénomène complexe un véritable sujet de société, qui n’a pas encore trouvé de cadre complet d’intervention et de financement pour prévenir les désordres et y mettre fin à un coût supportable pour la communauté des assurés.

Années de sécheresse extrême Nb de communes (*) Nb de maisons individuelles (**)
2003 15, 891 3,1 millions
2011 27,506 6,6 m
2022 24,874 6,1 m

Source Mission des Risques Naturels – novembre ‘22

(*) : sur un total d’environ 33.000 communes (hors outre-mer)

(**) : sur un parc national de 10,4 M de maisons individuelles construites en zone d’aléa fort à moyen (source DGPR)

Nous avons conscience que le risque climatique va s’accentuer dans les années à venir. France Assureurs s’est livrée à un exercice de prospective à horizon 2050 sur le coût du risque climatique pour les assureurs en couvrant quatre grands phénomènes : la sécheresse, l’inondation, la submersion marine et la tempête.  Au total, le montant des sinistres, dus aux événements naturels pourrait atteindre 143 milliards d’euros en cumulé entre 2020 et 2050, soit une augmentation de 93 %, c’est-à-dire 69 milliards d’euros de plus par rapport à la période 1989-2019. Conscient de l’urgence de la situation, les assureurs se mobilisent et développent des unités de prospective à l’image du Generali Climate Lab qui modélise les risques climatiques à l’échelle des territoires en s’appuyant sur le big data et l’intelligence artificielle. C’est la mobilisation de tous, pouvoirs publiques, monde académique et entreprises, avec pour objectif d’anticiper davantage et de mettre en place des programmes de prévention, qui permettra de créer une véritable culture du risque climatique au sein de la société et de faire des assurés, les acteurs de leur propre résilience.

A l’autre bout de la chaine, au travers de nos investissements, nous avons aussi en tant qu’investisseurs institutionnels de long terme, une responsabilité sur le financement de l’économie et l’investissement ou non dans certains secteurs. Nous devons être vigilants à ne pas financer aujourd’hui des activités susceptibles d’affecter profondément les équilibres environnementaux et dont nous aurons demain à supporter les effets néfastes, et les coûts. Dès 2019, 46 investisseurs institutionnels représentant 3,8 trillions d’euros d’actifs, se sont engagés au sein de la Net-Zero Asset Owner Alliance sous l’égide des Nations Unies à limiter les émissions de carbone indirectement générées par leurs investissements. En 2019 puis 2020, les gérants d’actifs dans le cadre de la Net-Zéro Asset Manager Initiative et les banquiers avec la Net-Zéro Banking Alliance ont pris successivement des engagements similaires. Depuis juillet 2021, les 8 grands assureurs et réassureurs (Axa, Generali, Allianz, Munich Re, Scor, Swiss Reste Zurich Insurance Group) se sont regroupés au sein de la Net-Zero Insurance Alliance, et s’engagent désormais également au passif à faire évoluer leurs portefeuilles de souscription pour ne plus générer, en net, d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.

Le deuxième événement macro-économique qui nous a affecté directement est la pandémie du Covid-19. Aucun pays, aucun gouvernement, n’était manifestement préparé à affronter une situation de cette ampleur, aussi globale et systémique. En France, la période de confinement a « éteint » l’économie pendant plus de deux mois et les phénomènes de contagion ont perturbé durablement les chaines de productions, au point de remettre en cause les fondements de la mondialisation. Les gouvernements ont déployé des mesures d’accompagnement importantes, incarnées en France dans le « quoi qu’il en coûte ». Injecter suffisamment de liquidités, auprès des entreprises et des ménages, était nécessaire pour éviter que les « moteurs » de l’investissement et de la consommation ne se bloquent, entrainant faillites et précarité. Ces mesures de protection, aussi indispensables soient elles, ont eu des impacts sur les grands équilibres des assureurs et leur potentielle récurrence n’est pas tenable. Le coût de la crise sanitaire aura été sans précédent pour les finances publiques. A la mi-2022, le Comité Européen du Risque Systémique (ESRB) estimait que les diverses mesures de soutien des Etats membres représentaient, en cumulé, 20,7% du PIB, hors moratoire de dette. Il ne s’agit pas d’un coût fiscal net, puisque plus de la moitié des mesures consistait en garanties de dettes. Reste que la dette publique aura bien explosé, par exemple en France de plus de 630Mds d’euros entre fin 2019 et 2022. Au-delà des mesures de solidarité et de la mobilisation de la profession au côté des pouvoirs publiques, c’est l’assurabilité même du risque de pandémie qui se pose. A l’image des catastrophes naturelles enregistrées sur 2022, comment assurer des risques dont l’intensité et/ou la fréquence sortent du cadre normatif, voire deviennent systémiques. Ainsi, les pertes d’exploitation des entreprises suite aux dégâts engendrés par le Covid étaient estimées en avril 2020 à 60Mds d’euros, soit plus que les fonds propres de l’ensemble des assureurs non-vie français (source : France Assureurs).

Enfin, la guerre en Ukraine, au-delà de la dimension humaine dramatique, a provoqué un choc sur le marché de l’énergie responsable en grande partie de la forte inflation que nous connaissons. Les coûts collatéraux du conflit, notamment en matière énergétique, ont alourdi la note du « quoi qu’il en coûte ». La dette publique française dépasse désormais 3000Mds d’euros, à 113,4% du PIB à l’automne 2022, contre 97,4% fin 2019. Ce soutien fiscal, combiné à un assouplissement quantitatif massif de la BCE (hausse de son bilan de plus de 4000Mds d’euros entre mars 2020 et mi-2022), auront participé à la flambée inflationniste qui a poussé les taux longs à la hausse, de 0% fin 2021 à environ 2,80% pour le 10 ans OAT actuellement. La question est de savoir si cette hausse est pérenne. La BCE est engagée pour ramener l’inflation vers son objectif de 2%. Le taux 10 ans réel (OAT indexées sur l’inflation européenne) se négocie actuellement autour de 0,40%, après avoir passé l’essentiel des huit dernières années en territoire négatif. Une fois le choc inflationniste passé, il est à craindre que la dette publique élevée de nombreux pays européens ne conduise à une politique de restriction financière visant à protéger la soutenabilité de cette dette – via des taux réels extrêmement bas voire négatifs. Or les taux d’intérêts sont une composante principale des grands équilibres des assureurs. A la fois une source de refinancement majeur pour leur équilibre financier, mais aussi une composante principale de la gestion actif/passif des fonds euros. Le niveau absolu des taux et leur volatilité ont un impact majeur sur la solvabilité des assureurs.

Dans son document d’analyse à fin S1 2022, l’ACPR soulignait une amélioration du ratio de solvabilité des organismes Vie et mixtes qui ressortait au niveau de 259% en hausse de 12 points par rapport à fin 2021. La forte hausse des taux d’intérêt a entrainé une baisse des actifs mais surtout une baisse des passifs bien supérieure à l’échelle du marché. Si le ratio moyen du marché devrait rester confortable en dépit de la hausse de 100 points de base de l’OAT 10 ans sur le dernier semestre 2022, son évolution pourrait être très hétérogène d’un acteur à l’autre, notamment en raison de :

  • décisions stratégiques d’investissement différentes (couvertures de taux, rééquilibrages de portefeuilles, ajustements de duration…)
  • spécificités de leur portefeuille et donc de leur exposition au risque de rachat sur le fonds Euros qui augmente plus ou moins fortement face à la concurrence d’offres à taux garantis (DAT, Livrets, Taux promotionnels…)
  • choix de modélisations optimisés pour des environnements de taux bas, voire très bas, qui s’adaptent parfois mal à la rapide remontée des taux que nous vivons.

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Financer l’économie réelle et les transitions : une priorité

Le financement de l’économie réelle et l’accompagnement des transitions constituent par conséquent des priorités pour les gouvernements. L’assurance-vie en France, avec plus de 1900 milliards d’euros de stock représente une manne immédiatement mobilisable pour la transformation de nos sociétés. L’Etat s’est montré volontariste en votant en 2019 la Loi Pacte. Son objectif est de permettre aux entreprises d’avoir plus facilement accès à des fonds propres indispensables à leur développement. Ainsi la loi facilite l’accès à des financements diversifiés (entrée en bourse, capital-investissement mais aussi crowdfunding et ICO), et oriente l’épargne des Français vers les fonds propres des entreprises pour financer l’innovation et la croissance à venir. Au-delà des supports « classiques » cotés, le code des assurances s’est enrichi pour donner davantage de place à l’investissement non coté, trait d’union nécessaire pour soutenir les PME et ETI qui constituent l’essentiel du tissu économique français.

Grâce à cette transformation en profondeur, l’assurance vie donne désormais accès au plus grand nombre à des investissements réservés traditionnellement aux institutionnels. C’est la possibilité pour tout épargnant d’apporter des fonds propres, des quasi-fonds propres ou encore de la dette privée, aux petites et moyennes entreprises françaises.

Les assureurs se sont saisis de ces opportunités pour transformer les produits d’épargne et les orienter davantage vers l’intérêt général et l’économie réelle. Les défis et les risques auxquels nous sommes confrontés nécessitent des investissements massifs et la création de nouveaux produits d’épargne. Les enjeux de transition climatique sont au cœur des choix d’investissements socialement responsables pour une relance verte et inclusive, pour investir dans des modèles industriels décarbonnés et d’économie circulaire, dans la qualité de l’air et la qualité de vie. Entre 2020 et 2021, les encours d’unités de compte labellisées « finance durable » sont passés de 93 Mds € à 124 Mds, soit une progression de 33%. S’il est nécessaire d’aller plus loin, notamment sur le volet de la transition environnementale (cf. rapport du think tank The Shift Project), ne négligeons pas les atouts de cette assurance vie « nouvelle génération ». Par essence elle s’intéresse au temps long, elle a la capacité à mobiliser dans la durée des sommes significatives et représente l’outil principal de gestion de l’épargne des français.

Cette nouvelle génération d’assurance vie à l’épreuve du temps et des changements

Nous devons veiller dans la période actuelle à préserver le potentiel de l’assurance-vie et la puissance des unités de compte dans le financement de l’économie réelle. Depuis 2022, le passage du « quoi qu’il en coûte » pour relancer l’économie au « quoi qu’il en coûte » pour maitriser l’inflation, a des conséquences immédiates sur des hausses de taux significatives de la part des banques centrales. La remontée brutale des taux d’intérêt constatée cette année – passant de 0% à 3% – pour contenir une inflation en Europe inconnue depuis près de 40 ans, a eu pour corrolère la hausse des livret administrés, des livrets bancaires des comptes à termes, et dans une moindre mesure des taux servis par les assureurs au titre de 2022. Si c’est bien entendu une excellente nouvelle pour les épargnants force est de constater qu’aucun de ces taux ne permet de combler l’érosion nette de pouvoir d’achat face à l’inflation constatée en 2022 (+5,2%). Par ailleurs, si la dimension structurelle de la hausse des taux est certaine, sa dimension conjoncturelle n’est pas à négliger au regard du contexte très spécifique de 2022.

Toutefois, cette remontée des taux servis ne devrait pas modifier la tendance structurelle d’une proportion toujours plus importante des souscriptions en unité de compte. Dans ce monde incertain et en transition, cette nouvelle génération d’assurance-vie est une chance pour l’économie française. L’assurance vie a un rôle sociétal et une responsabilité dans le financement d’une croissance plus durable, respectueuse des grands équilibres climatiques et de société. Dores et déjà, l’action des assureurs va dans ce sens : 61% des provisions issues de l’assurance vie (soit 1.480 Mds €) financent directement l’économie réelle. La responsabilité des acteurs doit entretenir cette dynamique.

Conclusion

En tant qu’assureur, la concomitance de ces crises majeures a un impact direct sur nos métiers et nous incite à repenser nos modèles, tant sur la couverture des risques du quotidien que sur notre rôle d’investisseur de long-terme. Depuis quelques années, nous nous réinventons pour nous adapter aux urgences du monde actuel et aider l’économie à absorber les chocs tout en préservant notre solidité financière. De ce point de vue, les publications des différents acteurs seront particulièrement éclairantes pour apprécier précisément l’impact de la violente hausse des taux et la richesse des défis qu’elle pose au marché français de l’assurance. La présence des assureurs au cœur de l’économie est capitale pour penser le long terme et accompagner les transitions. Face à ces risques, ils sont les ceintures de sécurité de l’économie et les moteurs d’une relance durable et responsable.

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