Le Grand Forum de l’Assurance, 9 juillet 2020

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Le 9 juillet 2020 l’Enass a participé au Grand Forum de l’Assurance.

Le thème de cette année : Défis de l’assurance face à la crise économique et sanitaire, la vision des grands dirigeants de l’assurance.

Face à l’urgence climatique, quelles réponses concrètes de l’assurance ?

Renaud GUIDEE – AXA

Jean-Louis CHARUTEAU – GENERALI FRANCE

Mickaël COHEN – GROUPAMA

Comme le soulignait très justement les intervenants, les assureurs sont des acteurs de premier plan de l’urgence climatique. Cela s’explique d’une part par leur casquette de gestionnaire de risques et d’autre part par leur mission de gestionnaire d’actifs.

Les assureurs se doivent donc de gérer le risque climatique, qui n’est pas nécessairement systémique, contrairement à la pandémie. Ce caractère aléatoire permet de pouvoir compter sur des armes solides telle que la diversification et la mutualisation. On craint néanmoins à l’avenir des interconnexions entre le risque de changement climatique et de pandémie. En effet, l’uniformisation des modes de vie crée une vulnérabilité.

Comme le soulignait Jean-Louis CHARUTEAU « Nous sommes dans un monde d’incertitude, il existe cependant des scénarios, mais l’intervalle de confiance de ces scénarios doit mener à de la prudence ». Les tendances sont claires : on se prépare à des événements beaucoup plus problématiques qui peuvent toucher des départements fragiles comme les Antilles. « Les scénarios à horizon 2050 prévoient une augmentation des cyclones de 40% sur la Réunion. Il est donc difficile de dire que nous pourrons faire face à tous nos engagements ».

Face à cela il apparaît désormais impératif que l’État mais aussi les assurés particuliers et professionnels contribuent à atténuer la sinistralité. Les assureurs et réassureurs seuls ne peuvent faire face à toute la gamme de réponse qu’exige le changement climatique.

Il semble parallèlement indispensable d’augmenter les mesures de préventions, afin d’assurer la pérennité du régime catastrophe naturelle qui aujourd’hui est trop sollicité.

Il faut par ailleurs réussir à embarquer tous les acteurs. Pour cela les intervenants envisageaient de mettre en place une responsabilité sociétale partagée et d’accélérer et simplifier les paiements par le biais de l’assurance paramétrique.

En cas d’événement climatique c’est généralement l’assurance de dommages aux biens qui est la plus touchée. Il est donc nécessaire de prendre en compte l’émergence de ce risque pour gérer correctement les actifs. A ce sujet, les assureurs optent de plus en plus pour des investissements responsables. Comme en investissant dans des sociétés qui participent à la transition écologique, ou en excluant des secteurs d’investissements tel que les mines, l’extraction de schiste, les centrales.

Conclusion : l’intensité et la fréquence des événements climatiques vont augmenter, face à cela il est nécessaire d’embarquer l’ensemble des acteurs dans la conduite du changement.

Quantifier les risques climatiques dans un climat changeant : quels apports de l’IA pour les assureurs ?

Alexis HANNART – Axionable (Directeur scientifique)

Face à l’émergence des risques climatiques, les assureurs peuvent cependant compter sur l’intelligence artificielle. La société Axionable a d’ailleurs pour objectif d’utiliser l’intelligence artificielle pour prévenir l’arrivée de risques environnementaux.

L’intelligence artificielle est un ensemble de méthode reposant sur des algorithmes qui permettent d’automatiser des tâches. Pour cela, nous allons chercher à capter des données climatiques issues de radars, stations météo, données textuels issues de Tweet (capteur citoyen) ; qui vont permettre d’identifier la survenance de risques, comme des inondations, des cyclones …

Crise sanitaire et crise économique : sur quels piliers bâtir le nouveau modèle de l’assurance ?

Antoine LISSOWSKI – CNP ASSURANCES

Eric MAURY – APRIL

Alors que le pays a repris son activité économique grâce aux phases successives de déconfinement, le secteur de l’assurance peut tirer un premier bilan de sa continuité d’activité durant ces mois inédits, de ses actions au profit des assurés et en soutien de l’économie.

Le secteur a su durant cette période faire preuve d’une capacité d’adaptation agile et réactive en déployant le travail à distance de l’ensemble des collaborateurs pour lesquels l’activité le permettait.

En termes de production, la récolte en assurance vie a connu un net retrait au premier semestre 2020 ; alors que, selon l’INSEE, les ménages français ont largement épargné dans la même période. Cependant, elle s’est constituée en grande majorité sur des supports tels que les comptes épargnes, livret A.

A contrario, l’assurance emprunteur n’a pas connu ce ralentissement, notamment du fait des prêts garantis par l’Etat, et ce justifiant la souscription de couverture décès.

La crise portant elle-même la relance, le niveau de production rebondit avec la reprise de l’activité. C’est notamment le cas en couverture santé internationale avec l’intérêt qu’a suscité la crise sanitaire pour ces garanties de la part des expatriés, non-couverts jusqu’alors.

Dans le respect du principe de soutien de l’économie qu’incarne le secteur de l’assurance, les différentes organisations ont refusé de recourir aux aides de l’Etat. Paradoxalement, l’image que les clients retiennent de l’assurance pendant cette période demeure négative. Véritable crise d’incompréhension, la COVID-19 a remis l’assurance au cœur du système.

Des positifs sont à tirer de ces évènements insolites tel que la familiarisation des clients avec le digital. L’expérience client est ainsi à voir sous un nouveau jour avec une augmentation significative de la digitalisation pour des échanges simples et efficients. S’ouvre alors un défi en termes de distribution. Au-delà d’une désintermédiation, l’intermédiaire se verra accroître son rôle sur les produits complexes, où le conseil aura une forte valeur ajoutée.

La réduction des coûts de l’assureur ne se traduira pas par une baisse de l’intermédiation, mais bien par une restructuration de la chaine de valeur, permettant l’agilité des acteurs, et ce en poursuivant la finalité commune : le cycle de vie du client.

Comment assurer un monde qui vieillit ? Défis et perspectives en santé, prévoyance et dépendance

Christian SCHMIDT DE LA BRELIE – KLESIA

Patrick BROTHIER – AESIO

La fin de la journée se clôtura par un débat sur un sujet où les assureurs tiennent une place prépondérante pour assurer une fin de vie descente à chaque assuré. Les personnes interrogés répondirent à des questions sur l’assurance vieillesse, entre autres sur l’assurance dépendance.

Aujourd’hui, les assureurs sont en attente d’un retour sur les travaux de la dépendance entrepris par le gouvernement. Les autorités doivent indiquer quelle sera la prise en charge de l’état et de quelle manière elle sera financée. La création d’une 5ème branche de la sécurité sociale pour la perte d’autonomie est fort probable, mais son financement ne ressemblera pas aux quatre autres.

Une chose est sure, l’état ne pourra pas tout financer. Certains sujets dépassent les sphères ministérielles, comme la prévention, l’aménagement des logements, le besoin accru d’auxiliaire de vie, etc. Pour résumer, nous nous dirigeons vers un nouveau socle assuré par la 5ème branche de la sécurité sociale et un produit assurantiel avec différente options possible en fonction des moyens de chacun.

Pour les assureurs, le monde de l’entreprise ne s’intéresse pas à la dépendance. Les couvertures d’assurance collective ne prévoient pas grand-chose pour couvrir le risque de perte d’autonomie. Pour cause, les jeunes adultes s’intéressent trop tardivement au financement de ce risque très couteux. Quant à l’assurance dépendance sur le marché des particuliers, les contrats sont onéreux au moment où les assurés souscrivent. Cela ne leur permet pas de financer correctement leur reste à charge au moment où ils en ont le plus besoin.

Les nouveaux travaux portés par l’état doivent être l’occasion pour les assureurs d’innover en s’appuyant sur les nouvelles technologies et en revoyant les services proposés dans les polices d’assurance. Parmi ces solutions, la prévention est un axe majeur de développement pour vivre mieux plus longtemps. Demain, la technologie permettra de prévenir les risques de chute dans l’habitat des personnes âgées (accélérateur de dépendance).

Alexandre Leroux, Alice Florentin, Benjamin Langlet, Lise Auffrey (Master 2 en Management de l’Assurance, promotion 2020)

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