L’assurance santé complémentaire : l’effet de ciseau

Edito – Newsletter Février 2017

Deux facteurs d’importance ont joué fortement dans l’évolution de l’assurance santé :
L’environnement règlementaire.
Avec, notamment la mise en œuvre de Solvabilité 2. L’objectif final de transparence sans risque est générateur de nouvelles activités et donc de coûts pour les opérateurs santé. De nouvelles fonctions ont ainsi vu le jour et se sont développées tels le contrôle interne, l’actuariat, le juridique et les normes, la mise en écrits des process aux politiques… bien évidemment il a fallu mettre en œuvre des moyens et ressources humaines qualifiées ; plus de coûts moins de marge.

Le regard porté par le politique sur l’activité d’assureur complémentaire santé.
Depuis maintenant plus de 10 ans, le politique ( i.e politique et technos) considère cette activité comme une activité trop lucrative et plutôt mal gérée…D’où la multiplication des contraintes allant notamment de l’affichage des frais de gestion en passant par la « normalisation » de l’offre avec le contrat responsable, le responsable ANI, ACS, labellisation et normalisation des garanties, fiscalité croissante, financement des PS avec la taxe de 5€…) L’ensemble de ces dispositifs contraignant les opérateurs.
Pour résister et faire face à ces évolutions, les opérateurs ont initié des regroupements plus ou moins progressifs se traduisant par la création de grands groupes ; ce type d’initiative étant implicitement encouragé par la Tutelle.

S’il existait encore plus de 2000 mutuelles à la fin du siècle précédent, elles ne sont plus qu’environ 250 de plein exercice aujourd’hui. La percée des assureurs traditionnels sur ce marché les a contraintes à s’éloigner du modèle mutualiste d’origine (1 seule garantie/ 1 seul prix) pour épouser tout ou partie celui de ces concurrent (segmentation, offres marketées) l’évolution de notre société a cantonné les valeurs mutualistes et a privilégié des pratiques consuméristes débridées telle la nomadisation).
Sans préjuger des mesures et dispositifs nouveaux qui pourraient être mise en oeuvre lors du prochain quinquennat, la Santé restera un marché de compétition pour les assureurs et les mutuelles, avec – il est vrai – un modèle économique nouveau à trouver.
Sans doute ce marché sera-t-il plus segmenté de façon à mieux répondre aux attentes, besoins et … moyens de la clientèle pour qui la Santé reste à 85% un domaine de préoccupation majeur.

Ainsi, le contrat responsable pourrait devenir un produit refuge minimum, l’essentiel de l’offre se concentrant sur des offres hors de ce cadre contraignant et incluant des services personnalisés, voire haut-de-gamme qu’il reste encore à trouver.
Quant au spectre des GAFA, régulièrement brandi pour affoler/chatouiller les acteurs en place et les faire se questionner quant à leur capacité à mener des analyses comportementales, rappelons que ces derniers disposent déjà de nombreuses données d’exploitation, données qui sont très peu utilisées à ce jour.

Jérôme BOUCHER, Directeur général – Groupe France Mututelle

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