Jean-Charles Samuelian (Alan) : Quelle assurance santé dans 10 ans ?
Jean-Charles Samuelian, CEO d’Alan, partage dans son dernier livre sa vision sur un modèle d’assurance santé axé sur le bien-être.
« De l’assurance maladie au partenaire bien-être » est le titre du dernier livre publié par Jean-Charles Samuelian aux éditions Storylab et disponible en librairie à partir du 25 mars. Le fondateur d’Alan y fait passer un bon nombre de messages auprès des décideurs publics pour changer de paradigme et adopter un système de santé plus préventif, prédictif et proactif.
En introduction, il décrit à quoi ressemblera, selon lui, un rendez-vous médical dans 10 ans. La super-app santé et bien-être d’Alan proposera un accompagnement quotidien à ses assurés. Elle sera présente en amont et en aval de chaque visite médicale.
Basculer vers une médecine prédictive
La démocratisation du séquençage ADN aura permis de basculer vers une médecine prédictive. Alan permettra aux patients ayant une pathologie bien précise d’échanger avec une communauté anonyme et vérifiée de patients atteints de la même pathologie. Cette communauté aura un rôle important d’un point de vue psychologique, en favorisant l’empathie collective, mais aussi afin d’évaluer la qualité des fournisseurs de soins.
Selon Jean-Charles Samuelian, « la salle d’attente deviendra un anachronisme », car le patient sera alerté en cas de retard via une notification. Pendant la visite médicale, le médecin aura reçu en amont les données de santé du patient récoltés via des objets connectés ou des tests d’ADN. Il pourra donc libérer du temps pour discuter avec le patient, l’écouter et l’orienter. Des outils de prise de notes automatisée de la discussion le dispenseront de rédiger un compte-rendu sur son ordinateur. A la fin de la consultation, le patient pourra payer via la super-app d’Alan dans laquelle la carte vitale aura été préalablement enregistrée. En sortant de son rendez-vous, la pharmacie aura reçu la commande et préparé les médicaments prescrits, ou bien les fera livrer à domicile. L’application se chargera de rappeler au patient quand prendre les médicaments et renouveler son ordonnance.
Suivi quotidien grâce à des objets connectés
Au-delà du traitement, l’application accompagnera les assurés avec des conseils de nutrition personnalisés ou de bien-être mental. L’application sera interfacée avec des objets connectés afin d’analyser la qualité du sommeil. Le fondateur d’Alan n’oppose pas la médecine conventionnelle et alternative et insiste sur la nécessité d’intégrer les deux dans une approche holistique.
Changer de paradigme
Jean-Charles Samuelian rappelle que seulement 2% des dépenses de santé sont consacrées à la prévention. Il juge le système actuel cher et à bout de souffle. Il évoque les déserts médicaux, l’épuisement et les démissions de professionnels de santé ainsi que le déficit d’information des patients sur la qualité des soins, qui est source d’inégalités.
Le fondateur d’Alan identifie trois dysfonctionnements : les difficultés d’accès aux soins, le déficit de personnalisation et d’organisation des parcours et enfin le déficit de prévention. Il propose des pistes pour s’attaquer à ces problèmes pour refonder « le système d’assurance maladie et sa transformation en un partenaire bien-être destiné à nous maintenir en bonne santé et nous accompagner tout au long de la vie ».
Il propose de basculer vers une médecine prédictive en s’appuyant sur la technologie pour récolter des données quotidiennes sur l’état de santé des patients. Cela permettrait d’identifier de façon précoce une éventuelle dégradation de l’état de santé du patient. Il évoque par ailleurs les analyses du microbiote ou des tests génétiques qui deviendront aussi communs que les prélèvements sanguins dans quelques années. Alors que le système actuel est hospitalo-centré, demain, seulement une petite partie des soins se déroulera à l’hôpital, selon Jean-Charles Samuelian. « Le patient jouera un rôle beaucoup plus actif dans la prise en charge de sa santé », grâce au numérique.
Il sera donc possible de créer une offre de soins préprimaire grâce à l’intelligence artificielle. En cas d’anomalie, l’IA alerte le patient qui lui, peut décider de transmettre l’information à son médecin.
Transparence sur les prix et la qualité
Jean-Charles Samuelian s’attaque également à la transparence des prix des actes médicaux. Il insiste sur la transparence sur la qualité, basée sur des informations fournies par les professionnels de santé et des évaluations des patients, prenant exemple sur Airbnb.
Il pousse le raisonnement plus loin et propose que les citoyens et les pouvoirs publics puissent évaluer la performance des assureurs santé sur des indicateurs de qualité de service. Cette évaluation pourrait se traduire par des bonus ou malus fiscaux.
Le fondateur d’Alan est adepte d’une rémunération du professionnel de santé en fonction de la qualité des soins, avec un système de paiement mixte composé d’un forfait prédéterminé et d’une part variable en fonction de la qualité. Enfin, il plaide pour inciter les assurés à utiliser le système de santé à bon escient.
De l'Assurance maladie au partenaire bien-être
Jean-Charles Samuelian rejette l’idée d’une Grande Sécu et suggère que l’assurance maladie se concentre sur les risques graves et les affections longue durée. Il suggère que les personnes à faibles revenus puissent bénéficier d’une version basique du « partenaire bien-être » comprenant des services de screening médical, sans aucun coût. « Les personnes avec plus de revenus pourraient payer une version premium avec plus de fonctionnalités », écrit le fondateur d’Alan. Il avance même l’idée d’adopter un modèle d’abonnement pour remplacer la tarification à l’acte, afin d’accompagner le virage vers une médecine préventive.
Pour réussir ce changement de paradigme, Jean-Charles Samuelian appelle à faire évoluer la règlementation. Celle-ci devrait encourager l’innovation via la technologie et la concurrence mais également conserver l’équité notamment envers les plus précaires et les personnes âgées. Pour ce faire, il propose de rendre les citoyens responsables de leurs données. En résumé, le fondateur d’Alan écrit que « protéger l’industrie de la santé dont on a hérité serait comme essayer de protéger l’industrie des magnétoscopes dans les années 1980 ».
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