Jacques de Peretti : “L’assurance vie n’a pas dit son dernier mot”

Jacques de Peretti, PDG d'Axa en France.
Jacques de Peretti, PDG d'Axa en France.

[TRIBUNE] Pour News Assurances Pro, Jacques de Peretti, PDG d’Axa en France dresse le bilan 2020 de l’assurance vie et se projette sur 2021.

En matière d’épargne, 2020 restera dans les annales comme une année synonyme de prudence et de renouveau. Le taux d’épargne des ménages a atteint en 2020 un niveau record. Ce phénomène est en partie lié à l’épargne « forcée » accumulée pendant la période de confinement. Mais il a été amplifié par la volonté des français de se constituer une épargne de précaution dans un contexte économique et financier incertain.

Et si les français ont joué la carte de la prudence, ils ont aussi privilégié la liquidité. Résultat : les dépôts à vue et les livrets ont drainé près de trois quarts des flux. Plus particulièrement, les placements refuges que sont le livret A et le LDD ont tiré leur épingle du jeu avec un doublement de la collecte nette pour s’établir à 35Md€ à fin novembre.

Dans cette période propice à l’épargne liquide, l’assurance-vie a enregistré quant à elle une décollecte de 7Md€.

Je ne pense pas pour autant qu’il faille s’inquiéter pour le placement préféré des français : avec près de 1785Md€ d’encours et une collecte supérieure à 100Md€ à fin novembre, l’assurance vie a continué de séduire grâce à ses avantages fiscaux, successoraux et la résilience de ses rendements dans un contexte de taux historiquement bas.

Elle a continué de séduire quand bien même les conditions d’accès au fonds € se sont durcies et la capacité à conseiller les épargnants s’est avérée difficile en période de confinement.

Et elle a d’autant plus séduit sur les supports unités de compte, comme en attestent à fin novembre la collecte nette UC (16Md€) et le taux d’UC (34% vs 27% à fin 2019). Un résultat très positif qui récompense les efforts engagés par la profession ces dernières années pour offrir aux épargnants des solutions d’investissement diversifiées et rémunératrices.

Dernier fait marquant sur 2020 : malgré une préférence très marquée pour les produits liquides, les français ont aussi misé sur l’épargne longue et tiré parti du cadre attractif créé par la loi PACTE pour diversifier leurs placements et se constituer une retraite supplémentaire.

Avec déjà près de 700 000 assurés individuels et une collecte supérieure à 7Md€ à fin novembre, le Plan Epargne Retraite a bénéficié de la mobilisation exceptionnelle des conseillers d’assurance et reçu un très bel accueil chez les épargnants, séduits par les avantages fiscaux du produit, sa portabilité et la relative souplesse des modalités de sortie.

Et demain ?

Les ménages français disposent aujourd’hui d’importantes liquidités sur des placements peu ou pas rémunérateurs tels que les comptes courants ou les livrets réglementés. Ils seront vraisemblablement amenés à effectuer des arbitrages, une fois que la situation sanitaire et économique sera stabilisée.

Je suis convaincu, qu’en capitalisant sur ses nombreux atouts et notamment le PER, l’épargne retraite saura tirer parti de ces mouvements et accélèrera son développement.

De même, l’assurance vie devrait reconquérir son statut de placement de référence.

Mais pour ce faire, le secteur doit protéger ce qui a toujours fait son attrait, à savoir : le fond euros. Il doit par ailleurs se réformer pour tenir compte de la conjoncture et répondre aux nouvelles attentes des épargnants.

Se réformer en accélérant la transformation des réseaux, en réinventant la relation commerciale et en faisant du digital un outil au service du client.

Se réformer en favorisant le développement d’alternatives au fond euros capables d’offrir des perspectives de rendement attractives tout en restant dans un cadre sécurisé. L’Eurocroissance, dont le fonctionnement a été simplifié dans le cadre de la loi PACTE et qui offre une garantie au-delà d’une durée de détention minimale, en est un bon exemple.

Se réformer en proposant aux clients des supports innovants correspondant à leur profil de risque. Après l’immobilier et les produits structurés, l’assurance vie doit explorer de nouvelles classes d’actif. Le private equity et l’infrastructure, jusqu’à présent réservés aux acteurs institutionnels ou aux clients avertis, en font partie.

Se réformer enfin, en permettant aux clients de donner du sens à leur épargne. A l’heure du changement climatique, de la transition énergétique et de la relance économique, l’assurance-vie permet aux épargnants de promouvoir une économie durable et responsable en soutenant des projets à dimension environnementale, sociétale et solidaire ; elle permet aussi de participer au redémarrage du tissu économique en fléchant les investissements vers des entreprises tricolores à fort potentiel.

L’assurance-vie avait déjà commencé sa mue, mais la crise a accéléré son processus de transformation. En parallèle, elle a fait évoluer les aspirations des français, qui expriment aujourd’hui à plus de 70% la volonté d’épargner « utile », en finançant l’économie hexagonale et en investissant pour un développement durable.

En développant de nouveaux produits, capables répondre aux aspirations financières et citoyennes des clients, en modernisant l’accès à l’épargne grâce au digital, et en demeurant un produit universel accessible à tous les profils d’épargnants, je suis convaincu que l’assurance vie n’a pas dit son dernier mot et restera le placement préféré des Français.

Par Jacques de Peretti

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