International : L’assurance, outil de protection des plus pauvres face au réchauffement climatique ?

Premières victimes des catastrophes naturelles, les populations pauvres cherchent à se prémunir contre leurs conséquences. L’assurance constitue une protection efficace, fait valoir l’organisation internationale du travail (OIT) dans un récent rapport.

Tsunamis, tempêtes, inondations… Ces catastrophes naturelles ont vu leur intensité progresser de manière spectaculaire ces dernières années. Dramatiques sur un plan humain, elles occasionnent de lourdes pertes économiques : 366Mds de dollars en 2011, a estimé l’ONU dans un rapport publié en janvier. La raison de cette tendance ? Le réchauffement climatique, selon la communauté scientifique internationale.

Les pays pauvres, premières victimes des catastrophes naturelles

Premières victimes, les pays pauvres. Selon l’ONG Oxfam, on dénombre en moyenne 23 décès chaque fois qu’une catastrophe naturelle survient dans un pays riche, contre 1.052 décès dans les pays les plus pauvres. Quant aux dégâts matériels, les pays émergents y sont particulièrement exposés. Face à ce risque, l’assurance est source de protection des plus démunis, souligne un rapport de l’organisation international du travail (OIT).

Pour autant, pas question de livrer ces populations fragiles aux circuits traditionnels de l’assurance. Le montant des primes serait rédhibitoire pour leur garantir une couverture optimale. C’est ici qu’entre en jeu la micro-assurance. Son objet est simple : fournir une assurance aux populations modestes, moyennant des cotisations moindres : l’équivalent du micro-crédit, dont le concepteur Muhammad Yunus fut récompensé par un prix Nobel de la paix en 2006. C’est dans cette optique que l’OIT a créé un Fonds pour l’innovation en Micro-assurance. L’institution offre ainsi des subventions pour inciter les assureurs à s’investir dans la micro-assurance. A la clé, des produits couvrant un individu ou un groupe d’une centaine de personnes.

Les limites de la micro-assurance

Séduisant sur le papier, le mécanisme se heurte à plusieurs obstacles de taille. Le premier tient à la conception du contrat d’assurance. La rédaction de toute police suppose un lourd travail en amont, tenant notamment à l’identification des risques. Un travail qui nécessite la réunion de nombreuses informations, notamment climatiques, mais dont certaines font défaut dans les pays émergents.

Surtout, la rentabilité de la micro-assurance de catastrophe naturelle prête à discussion. Une catastrophe naturelle peut par essence détruire l’ensemble des portefeuilles d’un assureur. Conséquence, de nombreux produits de micro-assurance ont été suspendus, faute de rentabilité. Seul l’Inde fait exception avec ses 9 millions d’agriculteurs couverts, souligne l’étude de l’OIT.

Alors, quelles solutions ? Craig Churchill, directeur du fonds pour l’innovation en micro-assurance de l’OIT, plaide pour une couverture des catastrophes au niveau « mero » ou « macro ». En clair, des contrats qui couvriraient des communauté plus vastes, comme des associations de plusieurs milliers de membres ou des régions entières. Avec un objectif en vue : limiter l’impact financier des catastrophes pour les assureurs et lever ainsi un obstacle majeur à l’assurance des plus pauvres. L’OIT y voit un « potentiel de rentabilité prometteur » et met en avant les expériences entreprises en Haïti ou dans l’espace Caraïbe.

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