Florence Lustman : “2020 a été une année de crise et d’espoirs”

Florence Lustman, présidente de la FFA
La présidente de la Fédération française de l'assurance (FFA), Florence Lustman

[TRIBUNE]Pour News Assurances Pro, Florence Lustman, présidente de la Fédération française de l’assurance (FFA), dresse le bilan d’une année 2020 hors norme et se projette sur 2021.

L’année 2020 vient de se terminer. Elle restera pour tous l’année de la Covid-19, une année exceptionnelle à tous égards.

Jamais nos concitoyens n’ont été confrontés à autant d’anxiété avec les confinements et couvre-feux successifs, l’incertitude économique, la distanciation sociale, la peur de perdre un proche. Jamais les entreprises n’ont été autant mises sous pression, avec des fermetures brutales, une consommation en berne, le télétravail et des mesures sanitaires à mettre en place en un temps record. 2020 a été une année de crise, où il a fallu s’adapter, tenir, garder l’espoir.

Pour les 260 assureurs membres de la Fédération Française de l’Assurance, cette année de pandémie se solde par une charge supplémentaire de plus de 5 milliards d’euros, un chiffre supérieur au résultat que l’assurance non-vie avait dégagé en 2019. L’explosion des sinistres en prévoyance, en responsabilité civile médicale et en assurance professionnelle, la hausse des impayés ont fortement impacté les assureurs. Nous avons entendu bien des commentaires sur les prétendues « économies » des assureurs dues aux confinements : curieuses « économies » en vérité, qui finissent par coûter bien plus qu’elles ne rapportent !

Mais au-delà de cet aspect purement financier, 2020 a aussi mis en évidence les limites naturelles de l’assurance. La polémique sur les pertes d’exploitation a heurté notre profession de plein fouet mais elle a eu le mérite de rappeler une vérité que le public a eu tendance à oublier ces dernières décennies au cours desquelles les protections assurantielles n’ont cessé de progresser : l’assurance privée seule n’a pas réponse à tout, elle ne peut couvrir une catastrophe systémique comme une pandémie, une guerre ou une révolution. Les conséquences d’un tel événement, qui touche tous les assurés en même temps sont hors de portée des entreprises que nous sommes. Les assureurs ne peuvent pas se substituer à l’Etat. Et c’est bien pour cela que l’immense majorité des contrats de pertes d’exploitation excluaient clairement la pandémie de leurs garanties avant même l’irruption du coronavirus. L’existence de certains contrats qui ont jeté un doute appelle aujourd’hui à un effort de transparence et de clarté de notre part ; un effort de communication aussi, car nous avons vu dans ces polémiques combien les bases mêmes de notre métier – la mutualisation entre les assurés et entre les branches d’assurance, le fait que nos actifs représentent les engagements vis-à-vis de nos assurés, et plus généralement toutes nos contraintes réglementaires – restent incomprises de l’opinion et même de certains responsables politiques.

Mais 2020, comme toute année de crise, a aussi permis de révéler ce dont nous sommes capables. Cette année a été une période de victoires et de fiertés pour l’assurance française, qui a montré combien elle était indispensable pour ses clients et son pays. Malgré les restrictions et le télétravail, les assureurs ont continué à faire leur métier – et le faire bien – en honorant leurs contrats et en gérant plus de 20 000 sinistres par jour durant les confinements. Ils ont su innover pour accompagner leurs clients en ces temps difficiles.

Les assureurs français ont prouvé que l’on pouvait compter sur eux. Avec plus de 2,6 milliards d’euros de gestes faits au-delà de leurs contrats pour venir en aide à leurs clients et à nos compatriotes, notre profession a été le secteur privé qui a le plus contribué à la solidarité nationale: financement de l’adaptation des locaux aux mesures sanitaires, diminution de primes, suppression des loyers pour les PME, extensions gratuites de couvertures, aides financières aux particuliers et aux entreprises etc. Les assureurs ont été les seuls à abonder le Fonds de solidarité, alors même que d’autres secteurs auraient pu répondre aussi à la sollicitation du Gouvernement. Nous pouvons être fiers de ces engagements, qui prouvent combien les assureurs sont des acteurs de terrain responsables qui connaissent parfaitement leurs clients et les situations parfois tragiques qu’ils peuvent vivre.

En tant que premiers investisseurs privés dans l’économie du pays, ils se sont aussi pleinement mobilisés pour participer à la relance. Dès avril 2020, ils ont lancé un programme d’investissements historique de plus de 2,2 milliards d’euros, le plan « Assureurs-Caisse des Dépôts Relance Durable France » pour soutenir prioritairement les PME et ETI françaises, ainsi que les secteurs du tourisme et de la santé. Ce programme, qui répond à des critères très ambitieux en matière d’environnement, de gouvernance et d’inclusion sociale, est déjà bien avancé et une bonne partie des fonds ont été débloqués. Ainsi, les assureurs jouent collectivement leur rôle d’investisseurs institutionnels et contribuent de manière décisive à bâtir une économie plus prospère, plus juste et plus durable.

Si l’année 2020 est terminée, la crise, elle, ne l’est pas. Nous allons poursuivre notre travail collectif en 2021 pour rester aux côtés de nos assurés dans cette pandémie hors normes. Pour ouvrir aussi de nouveaux chantiers emblématiques pour les Français et leurs assureurs : la dépendance, la réforme du régime des catastrophes naturelles, le développement durable ou encore le déploiement de notre programme d’investissements. Autant de sujets majeurs qui appelleront le rassemblement et la créativité de toute notre profession.

Par Florence Lustman

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