Étude : Le manque de confiance numérique freine l’usage médical des objets connectés

Santé

Un quart des médecins possèdent un objet connecté mais seulement 15% l’utilisent dans leur pratique professionnelle. Le respect du secret médical et le régime de responsabilité restent deux des principaux freins à un usage plus large. Ce sont les conclusions d’une étude réalisée par Withings auprès de 1.037 médecins sociétaires MACSF en 2016.

Les médecins sont plus nombreux à utiliser un objet connecté à titre personnel que la moyenne des Français, selon l’étude réalisée par l’entité du groupe Nokia Technologies pour la MACSF. Ainsi, 25% des médecins interrogés affirment posséder un objet connecté alors que seulement 5% des Français détenaient un traqueur d’activité en 2014.

Malgré cet usage personnel, seulement 15% des médecins affirment utiliser ces objets au sein du cabinet, comme outil de diagnostic ou pour du suivi à distance. Au delà des objets connectés, les applications mobiles sont utilisées par 61% des médecins, que ce soit des encyclopédies médicales (33%) ou des applications d’aide au diagnostic (21%). Si les médecins sont utilisateurs d’applications mobiles et d’objets connectés, ils ne sont pas pour autant prescripteurs. Seulement 8% d’entre eux en prescrivent et deux tiers des médecins ne recommandent jamais l’usage d’objets connectés à leurs patients.

Manque de confiance numérique

Le principal obstacle à une diffusion plus large des objets numériques en santé réside dans le manque de confiance des professionnels de santé sur la protection des données personnelles. Ainsi, 40% des médecins interrogés pointent la menace sur le secret médical comme un des principaux freins. La majorité des répondants veulent que l’hébergeur des données et le fournisseur de l’objet portent la responsabilité de la sécurité des données.

En particulier, les médecins expriment la crainte que les données puissent être utilisées pour exclure de l’assurance les utilisateurs présentant un mauvais risque. Même si en France il n’est pas permis de moduler les tarifs de santé individuels en fonction de données de santé, cette crainte révèle qu’un effort important est encore nécessaire pour construire cette confiance numérique. Ainsi, seuls 2% des répondants pensent que l’Assurance Maladie devrait avoir accès aux données issues des objets connectés.

Deuxième obstacle, 34% des médecins considèrent que le régime de responsabilité n’est pas suffisamment clair, notamment dans le cas où une application qu’ils auraient recommandé serait mise en cause dans la dégradation de l’état de santé du patient.

Dans l’ensemble, le sondage révèle des préoccupations semblables à celles exprimées en 2015 dans le Livre blanc sur la santé connectée publié par le Conseil de l’Ordre National des Médecins. En particulier, « les médecins craignent qu’un diagnostic porté sur un patient à distance, potentiellement sujet à plus d’erreurs, fasse peser sur eux la même responsabilité que pour une consultation standard. Le régime de responsabilité apparaît alors disproportionné », indiquent les auteurs de l’étude.

Ainsi, les modes de financements et les changements attendus en matière d’organisation des soins apparaissent aux médecins comme des considérations secondaires à côté des questions de sécurité. Pour les auteurs de l’étude, la question de la confiance est au cœur de l’enseignement de ce sondage : « La e‐santé changera la pratique médicale si les conditions de la confiance numérique sont réunies », affirment-ils.

Clivage générationnel

Les réponses à ce sondage varient en fonction de l’âge du médecin. Sans surprise, les jeunes médecins se montrent plus enclins à adopter ces outils numériques. Par exemple, si 66% des médecins pensent que les patients souffrants d’affections de longue durée (ALD) pourront faire usage des objets connectés pour mieux prendre soin d’eux-mêmes, cette proportion grimpe à 77% pour les internes en médecine. En revanche, un médecin de plus 50 ans sur cinq craint de voir les relations avec les patients se dégrader du fait des objets connectés, alors que cette proportion n’est que de 14 % pour les médecins de manière générale.

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