Chronique : Evaluation des risques pour le secteur de l’assurance en Italie

Une vue de l'Italie.
Une vue de l'Italie.

Notre évaluation du risque pays de l’Italie continue d’être soutenue par son économie riche et diversifiée dégageant des excédents extérieurs substantiels, le taux épargne élevé de son secteur privé, le caractère long terme de son profil d’endettement et les avantages de son appartenance à l’Union Européenne.

Néanmoins, suite à la crise russo-ukrainienne, nous avons révisé à la baisse notre projection de croissance du PIB pour 2022 à +3,1% contre +4,4%. Nous prévoyons que, pour 2022, le déficit public se réduise à 6,3% du PIB. Cela reflète principalement notre attente selon laquelle les mesures budgétaires visant à atténuer la hausse des coûts énergétiques, seront prolongées au second semestre de cette année pour un coût annuel d’environ 28 milliards d’euros (1,5 % du PIB).

Perspectives pour le marché non-vie

Le marché italien de l’assurance non-vie reste fortement concentré, avec environ 60% des primes totales souscrites par les cinq premiers groupes et environ 78% par les dix premiers. D’autre part, les assureurs contrôlent leurs canaux de distribution, avec environ 74 % des contrats distribués par des réseaux d’agences, tandis que la vente directe et le modèle de bancassurance continuent d’avoir une importance limitée. Nous pensons que ces caractéristiques établissent des barrières à l’entrée élevées, compensant l’absence de contraintes réglementaires au sein des pays membres de l’UE.

Par ailleurs, nous considérons que la rentabilité du marché italien de l’assurance non-vie demeure robuste. Nous prévoyons que le ratio combiné reviendra progressivement à 94%-95% en 2022-2023, en ligne avec la moyenne 2015-2019, et en hausse par rapport au niveau anormalement bas de 90% en 2020en raison d’un effet positif sur l’assurance automobile grâce à la diminution de la circulation pendant les confinements. Cela devrait se traduire par un rendement sur capitaux propres d’environ 10%, ce qui se compare favorablement aux autres pays européens.

Perspectives pour le marché vie

Le marché italien de l’assurance vie reste lui aussi fortement concentré, avec environ 66% des primes totales collectées par les cinq premiers groupes et environ 82 % par les dix premiers en 2020. Les primes sont principalement distribuées par les succursales bancaires et les bureaux de poste, représentant 55 à 60% du total, suivis par les agences et les conseillers financiers avec près de 15 % chacun. Les ventes réalisées par les conseillers financiers se sont stabilisées au cours des trois dernières années aux environs de 15% du marché mais sont en hausse sur longue période puisqu’elles ne représentaient que 10% en 2008. Les réseaux de conseillers financiers appartiennent à des groupes bancaires ou d’assurance, ce qui pourrait sur le long terme affaiblir les acteurs n’en disposant pas. Comme c’est le cas pour le marché non-vie, nous pensons que ces caractéristiques conduisent à des barrières à l’entrée élevées.

La rentabilité du secteur italien de l’assurance-vie a traversé avec succès à la fois la pandémie et l’environnement de taux d’intérêt bas au cours des cinq dernières années. La part des contrats en unités de compte a considérablement augmenté pour atteindre près de 40% des primes en 2021 contre 26% en 2019. Si les contrats en unités de compte présentent des marges plus faibles que les polices traditionnelles, ils sont beaucoup moins risqués pour les assureurs et génèrent une rentabilité stable. Au global, nous prévoyons que le rendement sur actifs moyens pour l’industrie dans son ensemble se stabilisera aux environs de 0,5% en 2022-2023.

Par Alphée Roumens, Credit Rating Analyst
S&P Global Ratings

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