Absentéisme : quelle est l'incidence du télétravail sur les arrêts de travail ?
La moitié des dirigeants considère que le télétravail peut favoriser la baisse de l’absentéisme, selon une étude du Comptoir de la nouvelle entreprise de Malakoff Médéric Humanis. Si la diminution de la fatigue joue en rôle majeur, les risques psychosociaux liés à l’isolement ou les risques de santé liés à la sédentarité sont également évoqués.
Le télétravail est une des pistes à l'étude pour combattre les arrêts de travail, en forte hausse ces dernières années. Il est cependant difficile de prouver l'incidence du travail à distance sur les arrêts de travail, comme le prouve la deuxième édition de l’étude sur le télétravail Comptoir de la nouvelle entreprise.
Le télétravail contractualisé en hausse
Le télétravail se développe progressivement en France. En 2018, il concernait 29% des salariés des entreprises de plus de 10 salariés, en hausse de quatre points par rapport à 2017. Même si le télétravail non contractualisé reste le plus important (16% des salariés), la part qui a le plus augmenté est celle du télétravail contractualisé (9% des salariés vs 6% en 2017). La hausse correspond donc « à une extension du télétravail par les entreprises qui le pratiquaient déjà plutôt qu’à l’adoption du télétravail par de nouvelles entreprises », indique Anne-Sophie Godon, directrice innovation de Malakoff Médéric Humanis. Quand une entreprise signe un accord sur le télétravail, celui-ci est adopté par 26% des salariés, en moyenne.
Les salariés télétravaillent 7 jours par mois en moyenne, principalement chez eux (92%), mais également dans un bureau satellite mis à disposition par l’entreprise (35%) et plus occasionnellement, dans un espace de co-working (21%). Le niveau de satisfaction des salariés reste très élevé. La note atteint 8,5 sur 10 quand les salariés télétravaillent un jour par semaine. A noter que seulement 61% des salariés disposent d’un espace dédié pour travailler à domicile.
Des bénéfices sur le travail, la vie personnelle et la santé
Parmi les motivations pour les salariés, le télétravail permet : de réduire ou supprimer le temps de trajet (54%), plus de flexibilité (36%) et plus d’efficacité (36%). Les bénéfices perçus par les salariés concernent à la fois le travail (plus d’autonomie, plus de productivité et d’engagement), la vie personnelle (un meilleur équilibre entre vie pro et perso, des économies financières) et la santé. La diminution de la fatigue est perçue comme un bénéfice par 78% des dirigeants, et 85% des salariés.
Pour les dirigeants, les trois principales motivations sont la conciliation vie pro et perso des salariés (56%), répondre à une attente des salariés et les fidéliser (45%), et faire évoluer les pratiques managériales (34%). Les dirigeants citent plusieurs bénéfices : la meilleure qualité de vie au travail (92%), la responsabilisation dans le travail et l’autonomie. Les dirigeants considèrent que le télétravail favorise également l’engagement des salariés (79%), leur efficacité (79%) et l’image de l’employeur (69%).
La perception du télétravail comme un facteur de baisse de l’absentéisme augmente en 2018 (49% vs 39% en 2017). « En effet, la diminution de la fatigue, du temps de transport, peut avoir un impact sur la santé du salarié », affirme Anne-Sophie Godon. « Je pense également que les prochaines années, nous verrons diminuer les accidents de trajet et les risques routiers, qui ont beaucoup augmenté les dernières années », considère-t-elle. 38% des dirigeants citent par ailleurs l’optimisation des espaces de bureau comme un bénéfice pour l’entreprise (vs 24% en 2017).
Quels risques psychosociaux ?
Malgré cette image positive du télétravail, certains inconvénients sont évoqués à la fois par les salariés et les manageurs. En tête, la difficulté à séparer les temps relevant de la vie privée et de la vie professionnelle (59%), ou l’empiètement de la vie professionnelle sur la vie personnelle (60%), suivie des difficultés informatiques (50%), ou de la charge de travail plus importante (47%). L’étude relève également des risques pour la santé psychologique (isolement, perte du lien collectif), cités par 54% des salariés interrogés, par 46% des dirigeants et par 51% des managers.
Les risques pour la santé physique liés à la sédentarité, les mauvaises postures, le lieu de travail non adapté ou des accidents domestiques sont évoqués par 42% des salariés, par 31% des dirigeants et par 44% des managers.
Les dirigeants, eux, perçoivent plutôt des difficultés à manager des collaborateurs à distance (56%) ou bien la complexité pour évaluer l’hygiène et la sécurité des lieux où s’effectue le travail (54%). Les dirigeants sont également conscients des risques en termes de sécurité et d’utilisation des outils informatiques (43%).
Du potentiel de développement
Plusieurs études estiment que 50% des salariés pourraient faire du télétravail. Il y a donc encore un potentiel de 20%. Le principal frein perçu par 93% des personnes interrogées concerne l’incompatibilité de la pratique avec le secteur ou le métier.
Le télétravail est bien perçu par 55% des managers mais parmi les 26% des managers qui encadrent des télétravailleurs, le taux d’adhésion grimpe à 83%. Uniquement 18% des managers ont rencontré des difficultés depuis la mise en place du télétravail. « La pratique donne confiance et les craintes s’amenuisent dès qu’on pratique le télétravail », indique Anne-Sophie Godon. Les managers perçoivent comme points positifs le mode de management basé davantage sur la confiance et une plus grande autonomie et responsabilisation des salariés. A contrario, les managers pointent une difficulté de gestion et d’organisation de leurs collaborateurs (56%) ou encore un empiètement de la vie professionnelle sur la vie personnelle (56%) ou des difficultés à échanger (51%). « Les points négatifs concernent des difficultés organisationnelles plus qu’une remise en cause de leur rôle de manager », analyse Anne-Sophie Godon.
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