Absentéisme : Piloter le risque arrêt de travail grâce à la DSN

Absentéisme

La dénomination sociale nominative (DSN) offre une mine d’informations aux assureurs pour piloter le risque arrêt de travail dans les entreprises. Des assureurs comme Gan Eurocourtage ou des institutions de prévoyance comme Malakoff Médéric Humanis partagent leur expérience.

Depuis janvier 2017, les entreprises communiquent leurs charges sociales à la CPAM, à l’Urssaf et aux organismes complémentaires via la déclaration sociale nominative (DSN), une norme créée par l’Etat. La DSN est envoyée mensuellement mais également toutes les semaines via ce que l’on appelle « la DSN événement ». Pour les assureurs, la DSN contient des informations précieuses, à savoir, la liste des salariés qui sont présents ou absents dans l’entreprise. Si avant 2017 l’assureur n’avait accès aux chiffres de l’absentéisme des entreprises qu’une fois par an, actuellement les données en temps réel permettent un pilotage plus fin du risque.

Par ailleurs, la Caisse nationale d’Assurance maladie propose le service « Prest’IJ » qui transmet automatiquement les décomptes d’Indemnités journalières d’incapacité de travail des salariés affiliés en arrêt de travail. Ce service payant pour l’assureur permet d’anticiper le coût de chaque arrêt de travail pour l’assureur. Il est utilisé par des institutions de prévoyance comme Malakoff Médéric Humanis ou Audiens.

De son côté, Groupama Gan Vie a créé un département dédié à l’analyse des données. L’assureur mène actuellement un projet pilote pour faire un reporting de l’absentéisme des entreprises grâce à l’analyse mensuelle de la DNS.

« Nous sommes en mesure d’analyser si au sein d’une entreprise les arrêts sont de courte ou de longue durée, s’ils concernent particulièrement certains sites ou départements. Nous pouvons fournir des analyses par sexe et tranche d’âge et comparer l’absentéisme d’une entreprise avec celui du secteur », indique Guillaume Pleynet-Jésus, directeur adjoint collectives de Groupama Gan Vie. Cette analyse permet d’anticiper la date de dépassement de la franchise, qui, dans la plupart de contrats, intervient au bout du 30ème jour d’arrêt, et qui détermine le moment où l’assureur va prendre en charge le complément de salaire des indemnités journalières.

Le projet est en phase d’expérimentation depuis six moins avec cinq comptes importants de Groupama Gan Vie en assurance collective. « Le reporting est le point de départ qui permet de repérer un absentéisme anormal. Nous discutons ensuite en lien avec notre courtier partenaire avec la direction des ressources humaines pour essayer de comprendre le phénomène et proposer des solutions concrètes et rapides », indique Guillaume Pleynet-Jesus.

Une étude de l’Institut Sapiens affirme que seulement un tiers de l’absentéisme dans les entreprises est « incompressible », c’est à dire liée à des maladies ou grippes. Pour le reste, les défauts de management ou d’organisation du travail sont à l’origine de l’arrêt de travail dans 99% des cas.

Pour Groupama Gan Vie, le reporting a permis par exemple de repérer un absentéisme élevé sur un site logistique d’un groupe multi-activité. « Sur ce site spécifique, les salariés portaient des charges lourdes. Nous avons donc travaillé avec un ergothérapeute et avons mis en place des exercices d’échauffement pour éviter les blessures » , explique G. Pleynet-Jesus. L’assureur réfléchit à un modèle économique fremium dans lequel un premier niveau d’analyse serait en inclusion et les services associés seraient payants.

Groupama Gan Vie est en train de bâtir une trentaine de services pour accompagner les entreprises à baisser leur absentéisme. Le modèle économique, service payant ou co-financé avec l’assureur, est différent en fonction de l’entreprise, du service et de l’impact sur les arrêts de travail. « C’est d’abord la responsabilité de l’employeur d’agir sur l’absentéisme. Nous sommes là pour l’accompagner  mais pas pour nous y substituer. La baisse de la sinistralité n’est pas forcément immédiate, mais nous sommes convaincus que le pilotage du risque mois par mois permet d’avoir un impact significatif sur le moyen-long terme » , indique G. Pleynet-Jésus.

La contrevisite médicale

Par ailleurs, Groupama Gan a généralisé le contrôle médical en cas d’arrêt de plus de 30 jours. Ce service permet de vérifier que « l’arrêt est justifié », c’est-à-dire que la durée est cohérente avec la pathologie de l’assuré, en fonction d’une grille commune à tous les assureurs. Lorsque le médecin “a la prescription facile“, l’assureur peut donc demander au salarié de se faire examiner par un deuxième médecin et arrêter le remboursement le cas échéant. « Le contrôle médical pour vérifier que l’arrêt médical est médicalement justifié est de mieux en mieux accepté par les entreprises. Les employeurs et les partenaires sociaux sont sensibilisés au coût des arrêts de travail », explique Guillaume Pleynet-Jesus.

Le défi pour les assureurs est de coordonner les différents services autour des arrêts de travail : du contrôle à la prévention en passant par les services de retour à l’emploi, l’articulation de ces services, souvent contradictoires, peut créer de la confusion au sein des entreprises.

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