Quel modèle pour l’assurance mobilité du futur ? Retour sur la conférence « Assurance Fiction » du Master Club 2022, en partenariat avec PMP Strategy

La mobilité est devenue un sujet majeur soumis à plusieurs grandes tendances désormais au centre de l’actualité.  La voiture individuelle subit une transformation profonde, portée par les innovations technologiques qui nous amènent vers des véhicules plus « intelligents », et aussi par les politiques gouvernementales qui favorisent une transformation des motorisations au profit des véhicules électriques.

Dans ce contexte, on constate un plafonnement du taux d’équipement en voitures individuelles dans plusieurs pays, ce qui réduit la croissance des ventes de véhicules, affectée aussi par les enjeux actuels de disponibilité dus aux difficultés d’approvisionnement en véhicules. Le modèle de propriété de la voiture individuelle se transforme également, avec une évolution accrue vers le leasing dans plusieurs régions, et une tendance croissante vers une « consommation » à l’usage, que le véhicule soit individuel ou même partagé.

Face à cette remise en question encore émergente de la domination de la voiture individuelle, des services de mobilité diversifiés se développent en complément des offres classiques de transport en commun  (vélo ou scooters en libre-service, trottinettes, …), en particulier en milieu urbain, ce qui accélère la transformation des modes de consommation de la mobilité. Et d’autres évolutions profondes servent de catalyseurs à ces changements, comme la digitalisation de plus en plus omniprésente, ainsi que le développement du télétravail et du nomadisme.

Les assistants digitaux de mobilité de type MaaS (Mobility as a Service) accompagnent ces évolutions en répondant aux attentes accrues de flexibilité, de simplicité et de personnalisation, pour des clients qui cherchent des solutions de mobilité adaptées à leurs besoins et attentes. Le MaaS se distingue par un accès fluide à une mobilité intégrée, portée par des opérateurs publics et privés, qui vont du métro au vélo-partage, ou encore du VTC au stationnement. En France, le développement du Forfait de Mobilité Durable, agit comme un accélérateur de cette tendance, permettant de tirer parti de l’atomisation des mobilités.

Cette transformation de la mobilité impose des choix stratégiques aux grands acteurs du secteur, comme les autorités organisatrices de mobilité, les constructeurs automobiles, ou encore les nouveaux joueurs comme les fournisseurs de nouvelles mobilités et les opérateurs digitaux du MaaS.

Aujourd’hui, les assureurs auto aussi suivent de près l’évolution des véhicules électriques, connectés et autonomes, même si cette dernière promesse de l’autonomie semble bien plus difficile à atteindre que lorsqu’elle est apparue il y a près de 10 ans déjà. L’évolution des usages ajoute à la complexité pour déterminer à quoi va ressembler l’assurance auto des particuliers, avec plus de mobilité à la demande et une plus grande variété de modes de transport. Avec une pression toujours croissante pour offrir à leurs clients des niveaux de personnalisation et de digitalisation qui deviennent la norme en assurance comme dans de nombreux autres secteurs.

Les assureurs se sont adaptés depuis l’arrivée des véhicules électriques sur le marché, prenant en compte les différences qu’ils représentent en termes de coûts de réparation et de risque assurable ; avec dans plusieurs cas des primes réduites. Ils ont aussi su saisir les opportunités de la richesse des données, avec des véhicules de plus en plus connectés, directement ou à travers les smartphones des clients, offrant de nouvelles possibilités de service à valeur ajoutée, pour gérer les sinistres ou renforcer la prévention. À terme, les véhicules autonomes viendront redéfinir plus en profondeur l’assurance individuelle, avec un basculement possible vers un marché B2B ciblant les constructeurs ou les flottes automobiles.

L’autre transformation potentielle de l’assurance tient au développement des consommations à l’usage au détriment de la propriété, et à l’atomisation des modes. De nouvelles offres d’assurance émergent pour cibler les mobilités multimodales, qui se développement en particulier en milieu urbain, accompagnant ou même stimulant l’adoption accrue d’une mobilité plus durable.

Trois modèles de relation et de distribution vont se retrouver au cœur de cette évolution, mettant les assureurs au défi de s’adapter et d’anticiper. Le B2C pourrait perdurer et offrir aux clients une personnalisation pointue pour tous leurs besoins de mobilité, capitalisant sur la connectivité accrue. À l’opposé, le B2B s’imposera si l’assurance devient intégrée dans l’offre de mobilité, avec un risque de « commoditisation ». Enfin, le B2B2C serait porté par une combinaison d’assurance individuelle, potentiellement obligatoire, et d’assurance intégrée dans une offre de Smart mobility.

Qui seront les leaders de l’assurance de la mobilité du futur ? Les assureurs les plus digitaux ou les plus versatiles, ou les acteurs de la mobilité qui intégreront l’assurance ? À moins que cette transformation soit celle qui voit les géants de la tech faire leur entrée, souvent annoncée, dans le marché de l’assurance.

A l’occasion du Master Club 2022, le Cercle LAB en partenariat s’est penché sur deux scénario d’un futur possible pour l’évolution de la mobilité.

La premier scénario évoque un monde en proie à un retour aux sources. Dans les villes les voitures ont disparu et en milieu rural un réseau de véhicules autonomes partagés a vu le jour. Comment les assureurs pourraient-ils se positionner ?

Le deuxième scénario brosse le portrait d’un monde hyper technologique. Une hyper connectivité qui creuse les inégalités. Les géants de la tech ont pris en main la santé, l’éducation et financent les infrastructures. Ce monde fait la part belle au nomadisme. Les acteurs de la nouvelle économie sont devenus hyper mobiles et la couverture d’assurance ultra personnalisée.


PMP Strategy

Marie-Sophie Houis-Valletoux, associée et Philippe Frizon, directeur-associé – Pôle Institutions financières

Caroline Ponal, associée et Hugues Marchal, directeur-associé – Pôle Mobilité-Transport

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